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mas Ferrer • Le “front-tiers” pyrénéen 367
construit sur les vestiges de la Confrérie et obtenir de l’aide afin de poursuivre les
missions de renseignement et d’évasion.
Son voyage vers la capitale britannique est une véritable odyssée. Franck qui
a alors 25 ans et Claverie, tout juste 21 ans, se retrouvent dans un premier temps
à Lourdes chez Alice Carrazé, élément central de la filière de passage organisée
par Gérard de Clarens139. Après un voyage mouvementé en motocyclette, ils re-
trouvent le passeur basque très expérimenté, Michel Olazabal, à Meillon près de
Pau. Un « taxi » discret les dépose en « zone interdite » près de Saint-Jean-Pied-
de-Port via Jurançon, Navarrenx, Larceveau. Contournant Saint-Etienne-de-Baï-
gorry par le nord, les trois hommes traversent de nuit un cours d’eau, la Nive
des Aldudes. Ils savent qu’ils doivent éviter le col d’Ispéguy où s’exerce une
surveillance serrée. Ils passent ainsi au nord du col d’Aintziaga. La frontière est
finalement traversée la nuit suivante. A l’aube, Olazabal, Bistos et De Clarens
arrivent enfin à Elizondo. Pendant deux jours, ils se reposent au premier étage
d’une « maison bienveillante » où le rez-de-chaussée sert de restaurant à la Guar-
dia civil locale !
Michel Olazabal alerte alors le commandant Bézy à Madrid. Ce dernier est is-
su du SR Air, service de renseignements d’une armée de l’Air française en pleine
recomposition entre héritages vichystes, influences giraudistes ou gaullistes.
Dans un contexte d’intrigue et de combat des chefs au sommet du Comité fran-
çais de libération nationale, il vient de remplacer le colonel Malaise, jugé trop fa-
vorable au général Giraud, à la tête de l’antenne madrilène du BCRA140. Parmi
ses multiples attributions, il coordonne avec Pierre Vuillet alias Ippécourt le ré-
seau Base Espagne.
Cette structure regroupe en fait près d’une vingtaine d’organisations clandes-
tines dont les missions essentielles sont le transfert de renseignements dans les
deux sens, l’évacuation de personnalités politiques, de militaires, de pilotes abat-
tus, de résistants « brûlés » de réfractaires au STO141 etc… Cette structure aux
larges ramifications est basée à Madrid, calle San Bernardo, sous la couverture de
139 Les informations sur ce périple sont extraites des archives personnelles de Gérard de
Clarens.
140 François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), La France au
combat…, op. cit., p. 773-774.
141 Benoît Laulhé, La Résistance dans les Basses-Pyrénées, Master UPPA, 2001.
construit sur les vestiges de la Confrérie et obtenir de l’aide afin de poursuivre les
missions de renseignement et d’évasion.
Son voyage vers la capitale britannique est une véritable odyssée. Franck qui
a alors 25 ans et Claverie, tout juste 21 ans, se retrouvent dans un premier temps
à Lourdes chez Alice Carrazé, élément central de la filière de passage organisée
par Gérard de Clarens139. Après un voyage mouvementé en motocyclette, ils re-
trouvent le passeur basque très expérimenté, Michel Olazabal, à Meillon près de
Pau. Un « taxi » discret les dépose en « zone interdite » près de Saint-Jean-Pied-
de-Port via Jurançon, Navarrenx, Larceveau. Contournant Saint-Etienne-de-Baï-
gorry par le nord, les trois hommes traversent de nuit un cours d’eau, la Nive
des Aldudes. Ils savent qu’ils doivent éviter le col d’Ispéguy où s’exerce une
surveillance serrée. Ils passent ainsi au nord du col d’Aintziaga. La frontière est
finalement traversée la nuit suivante. A l’aube, Olazabal, Bistos et De Clarens
arrivent enfin à Elizondo. Pendant deux jours, ils se reposent au premier étage
d’une « maison bienveillante » où le rez-de-chaussée sert de restaurant à la Guar-
dia civil locale !
Michel Olazabal alerte alors le commandant Bézy à Madrid. Ce dernier est is-
su du SR Air, service de renseignements d’une armée de l’Air française en pleine
recomposition entre héritages vichystes, influences giraudistes ou gaullistes.
Dans un contexte d’intrigue et de combat des chefs au sommet du Comité fran-
çais de libération nationale, il vient de remplacer le colonel Malaise, jugé trop fa-
vorable au général Giraud, à la tête de l’antenne madrilène du BCRA140. Parmi
ses multiples attributions, il coordonne avec Pierre Vuillet alias Ippécourt le ré-
seau Base Espagne.
Cette structure regroupe en fait près d’une vingtaine d’organisations clandes-
tines dont les missions essentielles sont le transfert de renseignements dans les
deux sens, l’évacuation de personnalités politiques, de militaires, de pilotes abat-
tus, de résistants « brûlés » de réfractaires au STO141 etc… Cette structure aux
larges ramifications est basée à Madrid, calle San Bernardo, sous la couverture de
139 Les informations sur ce périple sont extraites des archives personnelles de Gérard de
Clarens.
140 François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), La France au
combat…, op. cit., p. 773-774.
141 Benoît Laulhé, La Résistance dans les Basses-Pyrénées, Master UPPA, 2001.

