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Fascicolo Speciale 2021 - Intelligence militare, guerra clandestina e Operazioni Speciali
agents de passage recensés par Émilienne Eychenne sur l’ensemble de la chaîne,
près de 160 sont morts soit en opération, soit fusillés, soit en déportation et plus
de 1 000 ont été inquiétés à différents degrés, pour une quarantaine de « brebis
galeuses » c’est-à-dire moins de 2 % de l’ensemble114.
Cependant, il y eut effectivement quelques affaires assez sombres. L’une
d’entre elles a défrayé la chronique après-guerre : le procès en 1953 du pas-
seur espagnol Lazare Cabrero. Ce dernier est accusé d’avoir achevé d’une balle
dans la tempe Jacques Grumbach, militant socialiste et résistant, qui en novembre
1942, ne parvenait plus à suivre son groupe d’évasion dans les Pyrénées arié-
geoises. Le procès fut particulièrement médiatisé car Jacques Grumbach était le
frère d’un réalisateur en pleine ascension dans les années 1950, Jean-Pierre Mel-
ville, qui a pris ce pseudonyme à son arrivée à Londres en 1943 avant de partir
combattre en Italie et en Provence. Les dénégations de Cabrero, les services qu’il
avait pu rendre à la Résistance et le contexte mémoriel de cette époque ont fina-
lement débouché sur un acquittement115.
Ce ne fut pas le cas pour le passeur qui a livré aux Allemands les 17 juifs arrê-
tés à Chaum dans les Hautes-Pyrénées le 3 juin 1944, parmi lesquels huit enfants
et adolescents. Il fut exécuté quelques semaines plus tard mais seulement deux
des 17 personnes qu’il avait trahies reviendront de déportation116. Enfin, malgré
toutes les précautions, les agents doubles peuvent s’infiltrer même dans des ré-
seaux rigoureusement organisés comme le réseau Maurice lié au BCRA. Actif à
partir de 1943 sur l’ensemble de la chaîne et en particulier dans les Basses-Pyré-
nées, il assure l’évacuation de militaires vers Alger mais aussi la transmission de
renseignements. Cependant, à l’été 1943, le « retournement » d’un passeur espa-
gnol entraîne une vague d’arrestations en particulier sur la ligne Navarrenx-Tar-
dets-Arette mais également dans les chantiers d’altitude où les réseaux avaient
l’habitude de recruter des agents de passage parmi les ouvriers espagnols117.
114 Émilienne Eychenne, Pyrénées de la liberté..., op. cit., p. 191.
115 Josep Calvet Bellera, « La principauté d’Andorre, l’épicentre des réseaux d’évasion
et des passeurs », dans Josep Calvet Bellera, Annie Rieu-Mias, Noemi Riudor Gar-
cia, op. cit., p. 171-174.
116 Thomas Ferrer, op. cit., p. 138.
117 Émilienne Eychenne, op. cit., p. 160-161.
agents de passage recensés par Émilienne Eychenne sur l’ensemble de la chaîne,
près de 160 sont morts soit en opération, soit fusillés, soit en déportation et plus
de 1 000 ont été inquiétés à différents degrés, pour une quarantaine de « brebis
galeuses » c’est-à-dire moins de 2 % de l’ensemble114.
Cependant, il y eut effectivement quelques affaires assez sombres. L’une
d’entre elles a défrayé la chronique après-guerre : le procès en 1953 du pas-
seur espagnol Lazare Cabrero. Ce dernier est accusé d’avoir achevé d’une balle
dans la tempe Jacques Grumbach, militant socialiste et résistant, qui en novembre
1942, ne parvenait plus à suivre son groupe d’évasion dans les Pyrénées arié-
geoises. Le procès fut particulièrement médiatisé car Jacques Grumbach était le
frère d’un réalisateur en pleine ascension dans les années 1950, Jean-Pierre Mel-
ville, qui a pris ce pseudonyme à son arrivée à Londres en 1943 avant de partir
combattre en Italie et en Provence. Les dénégations de Cabrero, les services qu’il
avait pu rendre à la Résistance et le contexte mémoriel de cette époque ont fina-
lement débouché sur un acquittement115.
Ce ne fut pas le cas pour le passeur qui a livré aux Allemands les 17 juifs arrê-
tés à Chaum dans les Hautes-Pyrénées le 3 juin 1944, parmi lesquels huit enfants
et adolescents. Il fut exécuté quelques semaines plus tard mais seulement deux
des 17 personnes qu’il avait trahies reviendront de déportation116. Enfin, malgré
toutes les précautions, les agents doubles peuvent s’infiltrer même dans des ré-
seaux rigoureusement organisés comme le réseau Maurice lié au BCRA. Actif à
partir de 1943 sur l’ensemble de la chaîne et en particulier dans les Basses-Pyré-
nées, il assure l’évacuation de militaires vers Alger mais aussi la transmission de
renseignements. Cependant, à l’été 1943, le « retournement » d’un passeur espa-
gnol entraîne une vague d’arrestations en particulier sur la ligne Navarrenx-Tar-
dets-Arette mais également dans les chantiers d’altitude où les réseaux avaient
l’habitude de recruter des agents de passage parmi les ouvriers espagnols117.
114 Émilienne Eychenne, Pyrénées de la liberté..., op. cit., p. 191.
115 Josep Calvet Bellera, « La principauté d’Andorre, l’épicentre des réseaux d’évasion
et des passeurs », dans Josep Calvet Bellera, Annie Rieu-Mias, Noemi Riudor Gar-
cia, op. cit., p. 171-174.
116 Thomas Ferrer, op. cit., p. 138.
117 Émilienne Eychenne, op. cit., p. 160-161.

