Page 10 - Evasion_prison_Eysses
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En septembre 1943 les "droits communs" furent envoyés au camp de Carrère, à 10 km
à l’Ouest d’Eysses. La place de prévôt, tenue par un "droit commun", étant devenue vacante,
c’est LESCORAT qui prit la fonction, BRUHL devint chef balayeur et FONTAINE adjoint au
chef balayeur.
À partir de mi-octobre 1943 plusieurs convois de prisonniers arrivèrent à Eysses. Il y
eut alors 1200 internés dans la prison. Un "Collectif" prit naissance dans les préaux. Les
détenus continuèrent à porter les revendications de leurs prédécesseurs à savoir le droit d’être
traités comme des "politiques" et non plus comme des "droits communs". Le directeur, J.B.
LASSALE, de sa propre initiative et sans en référer à l’administration pénitentiaire de Vichy,
accorda des statuts nouveaux aux détenus politiques en échange de l’engagement, pris par les
représentants des prisonniers, de maintenir le calme et de garantir la sécurité du directeur. Les
postes administratifs de la prison furent doublés par des détenus, le droit de visite normal fut
rétabli, ainsi que l’autorisation de recevoir du courrier, des colis… Les prévôts furent
remplacés par des délégués. Ils purent porter des doléances à la direction et circuler librement,
de jour, dans leur préau. Une formidable solidarité, toutes tendances politiques confondues,
s’installa au sein du "Collectif" : partage des colis, entraide, soutien moral… Les préaux
virent fleurir des activités culturelles et sportives. Mais derrière tout cela ils organisèrent
secrètement une formation militaire (le bataillon d’Eysses) en vue d’une évasion collective
des 1200 détenus, prévue entre le 25 et le 31 décembre 1943.
Les communistes créèrent, en novembre 1943, le "Front National des détenus" qui
avait pour objectif d’unir tous les détenus pour participer à "l’insurrection nationale" et de les
fédérer autour du projet de l’évasion collective. Certains "gaullistes "des préaux adhérèrent
au "Front National des détenus" mais pas ceux du quartier cellulaire qui avaient leur propre
plan d’évasion qu’ils jugeaient plus facilement réalisable que celui du "Collectif". De plus ils
ne voulaient pas être noyautés par les "communistes".
Avec l’accord de la direction, certains prisonniers du quartier cellulaire rejoignirent les
préaux, et certains des préaux allèrent au quartier cellulaire Finalement, au quartier cellulaire,
se trouvait une grande majorité de « gaullistes » mis à part quelques « droits communs ».
Début décembre 1943, le "Collectif" déclencha une révolte massive, « les trois
glorieuses », refusant le transfert, vers le camp de Voves (Eure-et-Loire), antichambre de la
déportation, de 159 internés "administratifs ". Le 9 décembre 1943, le directeur, J.B.
LASSALE, pourtant appuyé par les G.M.R., céda : finalement les "administratifs" partirent
pour le camp de Sisteron, d’où ils finiront par s’évader. Après cette victoire, les détenus
avaient conscience qu’à l’avenir ils devaient s’attendre à un durcissement dans la prison
rendant plus complexe la mise en œuvre d’un plan d’évasion collective.
Le 23 décembre 1943, le "Collectif" fit évader l’un des leurs, FENOGLIO (pseudo
KLEBER) pour prendre contact avec Serge RAVANEL (chef national des groupes-francs des
Mouvements Unifiés de la Résistance) lequel, avec l’accord du C.N.R. s’attela au projet
d’organisation d’une évasion. Les représentants du "Collectif" avaient demandé à ceux du
quartier cellulaire de ne rien faire avant le 31 décembre. Le "Collectif" n’apprendra, que fin
janvier 1944, que l’aide extérieure demandée n’était pas possible1.
1 Serge RAVANEL avait prévu l’évasion dans les premières semaines de janvier 1944. Cette évasion
devait être l’œuvre d’une action intérieure des prisonniers appuyée de l’extérieur par des Groupes
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à l’Ouest d’Eysses. La place de prévôt, tenue par un "droit commun", étant devenue vacante,
c’est LESCORAT qui prit la fonction, BRUHL devint chef balayeur et FONTAINE adjoint au
chef balayeur.
À partir de mi-octobre 1943 plusieurs convois de prisonniers arrivèrent à Eysses. Il y
eut alors 1200 internés dans la prison. Un "Collectif" prit naissance dans les préaux. Les
détenus continuèrent à porter les revendications de leurs prédécesseurs à savoir le droit d’être
traités comme des "politiques" et non plus comme des "droits communs". Le directeur, J.B.
LASSALE, de sa propre initiative et sans en référer à l’administration pénitentiaire de Vichy,
accorda des statuts nouveaux aux détenus politiques en échange de l’engagement, pris par les
représentants des prisonniers, de maintenir le calme et de garantir la sécurité du directeur. Les
postes administratifs de la prison furent doublés par des détenus, le droit de visite normal fut
rétabli, ainsi que l’autorisation de recevoir du courrier, des colis… Les prévôts furent
remplacés par des délégués. Ils purent porter des doléances à la direction et circuler librement,
de jour, dans leur préau. Une formidable solidarité, toutes tendances politiques confondues,
s’installa au sein du "Collectif" : partage des colis, entraide, soutien moral… Les préaux
virent fleurir des activités culturelles et sportives. Mais derrière tout cela ils organisèrent
secrètement une formation militaire (le bataillon d’Eysses) en vue d’une évasion collective
des 1200 détenus, prévue entre le 25 et le 31 décembre 1943.
Les communistes créèrent, en novembre 1943, le "Front National des détenus" qui
avait pour objectif d’unir tous les détenus pour participer à "l’insurrection nationale" et de les
fédérer autour du projet de l’évasion collective. Certains "gaullistes "des préaux adhérèrent
au "Front National des détenus" mais pas ceux du quartier cellulaire qui avaient leur propre
plan d’évasion qu’ils jugeaient plus facilement réalisable que celui du "Collectif". De plus ils
ne voulaient pas être noyautés par les "communistes".
Avec l’accord de la direction, certains prisonniers du quartier cellulaire rejoignirent les
préaux, et certains des préaux allèrent au quartier cellulaire Finalement, au quartier cellulaire,
se trouvait une grande majorité de « gaullistes » mis à part quelques « droits communs ».
Début décembre 1943, le "Collectif" déclencha une révolte massive, « les trois
glorieuses », refusant le transfert, vers le camp de Voves (Eure-et-Loire), antichambre de la
déportation, de 159 internés "administratifs ". Le 9 décembre 1943, le directeur, J.B.
LASSALE, pourtant appuyé par les G.M.R., céda : finalement les "administratifs" partirent
pour le camp de Sisteron, d’où ils finiront par s’évader. Après cette victoire, les détenus
avaient conscience qu’à l’avenir ils devaient s’attendre à un durcissement dans la prison
rendant plus complexe la mise en œuvre d’un plan d’évasion collective.
Le 23 décembre 1943, le "Collectif" fit évader l’un des leurs, FENOGLIO (pseudo
KLEBER) pour prendre contact avec Serge RAVANEL (chef national des groupes-francs des
Mouvements Unifiés de la Résistance) lequel, avec l’accord du C.N.R. s’attela au projet
d’organisation d’une évasion. Les représentants du "Collectif" avaient demandé à ceux du
quartier cellulaire de ne rien faire avant le 31 décembre. Le "Collectif" n’apprendra, que fin
janvier 1944, que l’aide extérieure demandée n’était pas possible1.
1 Serge RAVANEL avait prévu l’évasion dans les premières semaines de janvier 1944. Cette évasion
devait être l’œuvre d’une action intérieure des prisonniers appuyée de l’extérieur par des Groupes
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