Page 11 - Evasion_prison_Eysses
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Le directeur de la Centrale, J.B. LASSALE, jugé trop laxiste et bienveillant à l’égard
des détenus, fut démis de ses fonctions à la fin décembre 1943 suite à un rapport accablant de
son successeur par intérim, Mr CHARTROULE.

Après ce limogeage, il était évident que les conditions de vie allaient changer : la
discipline serait inévitablement renforcée, les droits acquis supprimés, les portes des cellules
(quartier cellulaire) verrouillées en permanence.

Les préparatifs de l’évasion

Les représentants du quartier cellulaire avaient pris contact avec l’extérieur par
l’intermédiaire des visites au parloir, à l’infirmerie, mais aussi par le biais de certains
surveillants sympathisants. Ils avaient pu obtenir deux pistolets, de l’argent, des cartes
Michelin, quelques boussoles. Ils avaient réussi à faire contacter le réseau britannique
Wheelwright, implanté dans le Sud Ouest, commandé par le colonel HILAIRE qui avait
constitué, pour les évadés, une cache d’armes à 10 km de la prison.
LESCORAT avait fait contacter une amie, Marguerite VERNET, à Cancon. Il lui avait
demandé de laisser ouverte la porte arrière de sa maison en vue de son évasion imminente
avec quelques camarades, entre le 1er et le 8 janvier.
BRUHL, du fait de sa fonction de chef balayeur, pouvait se déplacer dans la prison. Il avait
été chargé d’observer, de noter les heures des patrouilles, les habitudes de la prison, la
position des tours de guet des armes automatiques, etc. Il fut chargé de récupérer du chlorure
d’éthyle au près de WOERTHER à l’infirmerie. Ce dernier subtilisa 2 ampoules que BRUHL
cacha dans sa cellule.

Le 1er janvier 1944

À cette date il n’y avait toujours rien de nouveau du côté du "Collectif". Le temps
pressait il fallait faire vite à présent : Vichy, inévitablement, allait, d’un jour à l’autre,
durcir les conditions de détention. C’était maintenant ou jamais plus ! Dans l’urgence il
n’était pas possible d’élaborer un nouveau plan d’évasion qui intégrerait l’ensemble des
internés. Le délai de mise en route d’un groupe restreint de détenus du quartier cellulaire
était sans commune mesure avec celui nécessaire pour décider et mettre en mouvement
1200 détenus, d’autant plus qu’au niveau du "Collectif" les décisions étaient prises de
manière collégiale. Et puis "fondre" dans la nature 1200 hommes ça ne s’improvise pas !

Francs fortement armés venant de Lyon et Marseille. RAVANEL prépara l’évacuation et l’accueil des
évadés (vêtements civils, faux papiers, véhicules et planques). Afin d’armer les prisonniers, il chargea
KLEBER de récupérer un stock d’armes entreposé à Toulouse puis de les faire entrer dans la prison
d’Eysses. Mais le responsable départemental des Groupes Francs, JOLY, refusa de remettre
l’armement au prétexte que les résistants internés à Eysses étaient tous communistes. KLEBER
disparut. Sans armement conséquent les résistants internés ne pouvaient assurer la première phase de
l’opération. Le projet fut donc annulé.(cf : Archives privées Jacques Delarue - 3 pages 1965).

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