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fait Linette aujourd’hui ? Marché ? Et mes bien parler des problèmes... d’expulsion !
petits ? Que deviennent-ils ? Karl va-t-il aller Facilement résolus dans la vie ordinaire - par
en classe au mois d’octobre ? Pourvu que ce pudeur, on n’y fait jamais allusion - cela
ne soit pas chez Mlle Z… Et mon sage Dadi ? devient un important souci chez les
Est-il devenu petit diable maintenant qu’il sait prisonniers. On l’a vu à Figuéras (par manque
galoper ? Deux Anglais sont libérés ce matin. d’intimité) et dans le dernier train (par
manque de précision). Ici, c’est le nombre des
19 septembre. usagers et l’utilisation répétée, par chacun,
La diarrhée s’arrête. Pas de fièvre. qui saturent les locaux prévus, pourtant
vastes.
22 septembre.
Venue du délégué qui remplace Giraud : plus Un bâtiment d’environ trente à quarante
question de départ pour l’Afrique à l’heure mètres de long, sur une quinzaine de large,
actuelle. Un départ pour Miranda peut-être. abrite une seule salle. Le long des grands
côtés, des petits murets délimitent les
23 septembre. emplacements avec un trou au milieu pour
Départ à midi, pour Barcelone. 4h : consulat, toute installation sanitaire. Certains
habillé des pieds à la tête. Hôtel Alhambra, fréquentent ces lieux plus de dix fois par jour,
près du consulat. se tordant de douleur, y laissant leur sang et
plus, peut-être. Mes camarades et moi avons
8 octobre. calculé que ces trous “ voient ”, chacun, deux
Départ pour Madrid. cent cinquante visiteurs par jour, nuit
comprise, ce qui n’est pas réaliste, aggravant
L’obsession cardinale de l’interné est la quête la cadence diurne ! Les orifices sont
de la nourriture. Or, le début du cycle rapidement bouchés, obligeant les utilisateurs
biologique est aussi problématique que sa fin. à avancer... et ainsi au fil des heures. Les vis à
Disons-le sans ambages, la défécation est vis, éloignés au début, finissent par pouvoir se
l’une des contraintes majeures de l’interné serrer la main. L’accès devient de plus en plus
(avec l’eau), qui pose des problèmes tant difficile, puis impossible pour qui ne veut pas
d’odeurs et d’hygiène (avec toutes les se “ mouiller ” ! Ce bâtiment est nettoyé une
répercussions médicales qu’on imagine) que fois par jour ; le matin entre sept et huit
d’organisation de la socialité heures. Au lever du jour, le spectacle est à
concentrationnaire en ces lieux où règne la soulever le cœur, pour peu que nous en ayons
dysenterie. Le discours historique sur les encore un ! C’est le cliché le plus indélébile qui
camps au XXème siècle néglige me soit resté de Miranda. Une image choc.
habituellement cette pénible réalité. Pourtant, Pour autant que l’on ne refuse pas les mots, la
les témoignages existent. Comme celui-ci, description est aussi laconique qu’expressive :
dont l’auteur a délibérément souhaité “ tout “ un lac de merde et de sang ! ”.
dire ” de son aventure, sans fausse pudeur.
Mais chez beaucoup d’entre nous, les
Ma dysenterie est en régression. C’est le mal “ boyaux ” ne sont pas disciplinés et ne
endémique de ce camp, à tel point qu’ici, il a peuvent attendre le grand lessivage... Aidés
perdu son appellation d’origine. C’est la par un ou deux camarades, ceux-là, les pieds
“ mirandite ”, la chose la mieux répartie dans posés sur le rebord inférieur de la petite
le monde (Mirandien !). Puisque je me suis fait ouverture faite à l’aplomb de chaque alvéole,
un devoir de tout dire, alors allons-y ! Après s’agrippant des deux mains, pliés en deux avec
avoir évoqué la soif, le sommeil : il me faut la tête entre les genoux, laissent dépasser leur
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petits ? Que deviennent-ils ? Karl va-t-il aller Facilement résolus dans la vie ordinaire - par
en classe au mois d’octobre ? Pourvu que ce pudeur, on n’y fait jamais allusion - cela
ne soit pas chez Mlle Z… Et mon sage Dadi ? devient un important souci chez les
Est-il devenu petit diable maintenant qu’il sait prisonniers. On l’a vu à Figuéras (par manque
galoper ? Deux Anglais sont libérés ce matin. d’intimité) et dans le dernier train (par
manque de précision). Ici, c’est le nombre des
19 septembre. usagers et l’utilisation répétée, par chacun,
La diarrhée s’arrête. Pas de fièvre. qui saturent les locaux prévus, pourtant
vastes.
22 septembre.
Venue du délégué qui remplace Giraud : plus Un bâtiment d’environ trente à quarante
question de départ pour l’Afrique à l’heure mètres de long, sur une quinzaine de large,
actuelle. Un départ pour Miranda peut-être. abrite une seule salle. Le long des grands
côtés, des petits murets délimitent les
23 septembre. emplacements avec un trou au milieu pour
Départ à midi, pour Barcelone. 4h : consulat, toute installation sanitaire. Certains
habillé des pieds à la tête. Hôtel Alhambra, fréquentent ces lieux plus de dix fois par jour,
près du consulat. se tordant de douleur, y laissant leur sang et
plus, peut-être. Mes camarades et moi avons
8 octobre. calculé que ces trous “ voient ”, chacun, deux
Départ pour Madrid. cent cinquante visiteurs par jour, nuit
comprise, ce qui n’est pas réaliste, aggravant
L’obsession cardinale de l’interné est la quête la cadence diurne ! Les orifices sont
de la nourriture. Or, le début du cycle rapidement bouchés, obligeant les utilisateurs
biologique est aussi problématique que sa fin. à avancer... et ainsi au fil des heures. Les vis à
Disons-le sans ambages, la défécation est vis, éloignés au début, finissent par pouvoir se
l’une des contraintes majeures de l’interné serrer la main. L’accès devient de plus en plus
(avec l’eau), qui pose des problèmes tant difficile, puis impossible pour qui ne veut pas
d’odeurs et d’hygiène (avec toutes les se “ mouiller ” ! Ce bâtiment est nettoyé une
répercussions médicales qu’on imagine) que fois par jour ; le matin entre sept et huit
d’organisation de la socialité heures. Au lever du jour, le spectacle est à
concentrationnaire en ces lieux où règne la soulever le cœur, pour peu que nous en ayons
dysenterie. Le discours historique sur les encore un ! C’est le cliché le plus indélébile qui
camps au XXème siècle néglige me soit resté de Miranda. Une image choc.
habituellement cette pénible réalité. Pourtant, Pour autant que l’on ne refuse pas les mots, la
les témoignages existent. Comme celui-ci, description est aussi laconique qu’expressive :
dont l’auteur a délibérément souhaité “ tout “ un lac de merde et de sang ! ”.
dire ” de son aventure, sans fausse pudeur.
Mais chez beaucoup d’entre nous, les
Ma dysenterie est en régression. C’est le mal “ boyaux ” ne sont pas disciplinés et ne
endémique de ce camp, à tel point qu’ici, il a peuvent attendre le grand lessivage... Aidés
perdu son appellation d’origine. C’est la par un ou deux camarades, ceux-là, les pieds
“ mirandite ”, la chose la mieux répartie dans posés sur le rebord inférieur de la petite
le monde (Mirandien !). Puisque je me suis fait ouverture faite à l’aplomb de chaque alvéole,
un devoir de tout dire, alors allons-y ! Après s’agrippant des deux mains, pliés en deux avec
avoir évoqué la soif, le sommeil : il me faut la tête entre les genoux, laissent dépasser leur
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