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haitable que ces infirmeries soient sacrifice de vendre des objets qui lui sont chers

ravitaillées en médicaments. pour aider un camarade souffrant.

La nourriture. A midi et demi se fait dans les Figueirido, le 20.7.1943
baraques la distribution d’un petit pain par
personne (350 grammes environ) et deux ou Monsieur,
trois fois par semaine d’un fruit. A une heure Etudiant en médecine de cinquième année, je
et demie chaque calle envoie un de ses suis interné à la Prison Centrale de Figueirido,
représentants à la distribution qui se fait à la ainsi que beaucoup de mes compatriotes
porte de chaque baraque. Le matin deux plats, français, qui ont passé la frontière pour
le soir un seul. La plupart du temps la échapper aux rigueurs de l’occupation
nourriture est immangeable, les légumes allemande. Jusqu’à ce jour, j’ai fait tout ce qui
jusqu’au 20 juillet n’étaient même pas était en mon pouvoir pour aider mes
épluchés, le tout nageait dans une huile camarades malades, le service sanitaire de la
immonde, le riz mal cuit, quant à la quantité : prison étant très insuffisant. J’ai dû vendre
une louche par personne, ce qui, eau, huile et tous les vêtements et bijoux que j’avais
épluchures mises à part, équivaut à une bonne apportés, pour un de mes amis qui, atteint de
cuillère à soupe ! Depuis la suppression du blennorragie, ne pouvait se procurer du
colis de la Croix Rouge les gens “ mouraient de Dagénan et les piqûres anti-gonocoques qui
faim ” et trompaient leur appétit en fumant... lui étaient nécessaires. Ayant eu par la suite
quand ils avaient des cigarettes, et en un cas assez grave de rhumatismes, je vous
s’étendant une grande partie de la journée. Au adressai le malade Abel C. que vous avez
point de vue viande, je n’ai pas vu un seul secouru.
morceau correct servi au repas normal, par
contre les bars faisaient du marché noir avec. Aujourd’hui, dans le dénuement le plus grand,
La cuisine vendait de magnifiques beefsteaks je viens vous demander s’il vous est possible
à 5 pts... Pour un vin, chaque homme a droit à de m’allouer un secours dans le but d’acheter
¼ de litre chaque dimanche. quelques livres dont le secours m’est
indispensable, tel le formulaire Astier, et
16. La maladie, l’autre ennemie des autres guides médicaux de première
évadés nécessité. Ayant parmi nous un compagnon
atteint par les fièvres paratyphiques B, je vous
Les conditions de la vie carcérale font que les serais reconnaissant de m’aider à me procurer
médecins (ou étudiants en médecine) internés, les spécialités suivantes : Coliban, Viteina C,
évadés de France, s’estiment requis par leur Rivanoletas, y vitamines B1. L’analyse faite par
spécialité et par le souci du collectif. Au milieu le laboratoire de [illisible] a donné le résultat
de leurs concitoyens, dans ces lieux suivant :
éminemment pathogènes que sont les prisons, “ Aglutianación : Positiva al bacilo paratifico B
ils ont accompli une œuvre immense, basta el 1/1000 ”.
courageuse, ingrate et méconnue. Certains Ma sollicitation se résume en deux points :
sont devenus célèbres, comme le professeur une demande d’un secours pour l’achat de
Tubiana. D’autres sont restés dans livres et matériels nécessaires aux soins les
l’anonymat, et il est bon, à la faveur de ce livre, plus élémentaires ; deuxième demande pour
de les en tirer. A l’instar de Jacques Blain, un cas de fièvre paratyphique B.
étudiant en médecine, qui interpelle Madrid Dans l’espoir que vous pourrez bientôt
pour avoir des médicaments et des livres m’apporter une aide efficace, veuillez agréer,
médicaux, et qui n’a pas reculé devant le

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