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férence christique qui lui donne sa vraie Tout à l'heure, ils vont la bafouer ;
perspective. Elle trouble leur félonie.

L'autre poème, dédié au général de Gaulle, Mais elle incarne la Nation
tout aussi épique, a une tonalité sensiblement Qui, jalouse de son histoire
différente, qui signale une évolution. Ce n'est
pas seulement la France de toujours qui doit Et fidèle à la tradition,
renaître, cette France “ fille aînée de l’Eglise ”, Veut lutter jusqu'à la Victoire...
mais aussi la France berceau de “ l'idéal
démocratique ”, opposée violemment à la 1941
France de Vichy. L’ennemi de la France, ce Ils ne sont que quelques milliers
n’est pas seulement l’Allemagne de toujours.
C’est aussi, dit ce poème, les Français de Vichy Décidés à venger l'injure,
: la “ trahison ” est “ chez nous ”, conduite par Ceux qui voulurent les premiers
les “ voleurs de patrie ”. Ici, on n'hésite pas à
énumérer nos Alliés, dont la “ Russie ”. Autre Courir l'héroïque aventure.
différence notoire : alors que le poème
précédent ne citait le nom de Giraud qu’à la Il faut sauver la Liberté
suite d’autres noms, comme enserré dans une Et l'idéal démocratique,
filiation, ici la narration s’organise à partir de Notre Occident civilisé,
la figure du chef de la France Combattante, qui De la “ fureur teutonique ”.
ouvre et termine le poème. Mais le général de Mais leur nombre ira grandissant
Gaulle n’est pas (plus) perçu comme un A mesure que Dieu dispose ;
général de division, si l’on peut dire : c’est un Car tous ont compris maintenant
rassembleur qui doit assumer l’œuvre positive La noble tâche qui s'impose :
de son rival (Giraud, qui n’est pas nommé), qui
a redonné l’espoir à la “ vieille terre africaine ” Mettre au pilori les bourreaux,
et qui a fait que les Français, de quelque En démasquant l'hypocrisie
obédience qu’ils soient, ont pu à nouveau se Des régimes dictatoriaux
“ sentir fiers de [leur] armée ”. De pourriture et de sanie.

1940 Désormais contre les Germains,
Tout était perdu fors l'honneur... Aux côtés de l'armée anglaise,
Dans le grand malheur de la France, Des Russes, des Américains,

Il restait au ciel une lueur, Il est une légion française...
Symbole de notre espérance.
1942
Ce météore encor lointain, Quand on nous parle de combat,
C'était la radieuse étoile
Déjà quel bonheur de se dire :
De De Gaulle, le chef lorrain, Là-bas, à présent, Nos soldats
De notre nuit perçant le voile. Luttent pour libérer l'Empire.

Toute petite à l'horizon, Ils ont arrosé de leur sang
Elle monte à travers l'orage. Notre vieille terre africaine
On voit chez nous la trahison Et ils seront au premier rang
Pour toute conquête prochaine.
Et le défaitisme fait rage.
Ils ne sauraient la tolérer, De plus en plus viennent à eux
Les traîtres, vendeurs de patrie. Officiers, contingents d'élite,
Dont répond un passé glorieux,

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