Page 14 - index_front_tiers
P. 14
Fascicolo Speciale 2021 - Intelligence militare, guerra clandestina e Operazioni Speciali
Des Pyrénées très internationalisées : une mosaïque de réseaux
La double surveillance exercée par les forces du régime de Vichy et par les
troupes allemandes rend les tentatives de passage des Pyrénées d’autant plus ris-
quées. Robert Belot estime qu’au total, au début de l’année 1943, ce sont près
de 3 000 soldats de la Wehrmacht qui ont en charge le contrôle de l’ensemble
de la chaîne depuis quatre postes de commandement basés à Biarritz, Lourdes,
Saint-Girons et Perpignan31. Dans les zones les plus élevées et accidentées comme
dans les Hautes-Pyrénées, ce sont des détachements de la Grenzschutz, corps de
gardes-frontières militarisés qui se chargent de patrouiller et d’arraisonner tout
individu suspect. Composés de Gebirgsjägers ou Alpenjägers, soldats aguerris
aux terrains montagneux pour la plupart d’origine autrichienne, ils repèrent assez
rapidement les itinéraires les plus empruntés ce qui oblige les candidats au pas-
sage à cheminer de nuit sur des sentiers escarpés. Les accidents tragiques ne sont
alors pas rares.
Pour ceux qui ont décidé de passer seuls, une chute malheureuse, une erreur
d’orientation, des conditions climatiques défavorables peuvent rapidement en-
traîner la mort. En août 1943, un jeune homme originaire de Grenoble est retrou-
vé mort au-dessus d’Arrens dans les Hautes-Pyrénées. Les enquêteurs dépêchés
sur place estiment que son décès remonte à trois ou quatre semaines environ.
Vraisemblablement réfractaire au STO (Service du travail obligatoire) instauré
quelques mois plus tôt, il s’est brisé une jambe en deux endroits et a sans doute
perdu la vie, seul, dans d’atroces souffrances32. Non loin de là, quelques temps
plus tard, un autre corps enseveli dans la neige, est découvert près de la frontière
franco-espagnole33.
Ainsi, que ce soit traverser la Bidassoa à la nage du côté d’Hendaye, franchir
le col du Perthus près de Perpignan ou tenter la traversée de la frontière par les
cols des Pyrénées centrales, les embûches sont légion. Toutefois, on peut préci-
ser que la double surveillance « vichysto-allemande » à partir de la fin de l’année
1942 laisse perdurer quelques interstices largement exploités par les réseaux de
passage et de renseignement. En effet, si une zone interdite ou « réservée » est dé-
limitée sur une bande frontalière de 20 à 30 kilomètres de large avec des restric-
31 Robert Belot, Aux frontières de la liberté…, op. cit., p. 53.
32 ADHP, France-Pyrénées, 02/08/1943.
33 ADHP, Le Républicain des Pyrénées, 11/11/1943.
Des Pyrénées très internationalisées : une mosaïque de réseaux
La double surveillance exercée par les forces du régime de Vichy et par les
troupes allemandes rend les tentatives de passage des Pyrénées d’autant plus ris-
quées. Robert Belot estime qu’au total, au début de l’année 1943, ce sont près
de 3 000 soldats de la Wehrmacht qui ont en charge le contrôle de l’ensemble
de la chaîne depuis quatre postes de commandement basés à Biarritz, Lourdes,
Saint-Girons et Perpignan31. Dans les zones les plus élevées et accidentées comme
dans les Hautes-Pyrénées, ce sont des détachements de la Grenzschutz, corps de
gardes-frontières militarisés qui se chargent de patrouiller et d’arraisonner tout
individu suspect. Composés de Gebirgsjägers ou Alpenjägers, soldats aguerris
aux terrains montagneux pour la plupart d’origine autrichienne, ils repèrent assez
rapidement les itinéraires les plus empruntés ce qui oblige les candidats au pas-
sage à cheminer de nuit sur des sentiers escarpés. Les accidents tragiques ne sont
alors pas rares.
Pour ceux qui ont décidé de passer seuls, une chute malheureuse, une erreur
d’orientation, des conditions climatiques défavorables peuvent rapidement en-
traîner la mort. En août 1943, un jeune homme originaire de Grenoble est retrou-
vé mort au-dessus d’Arrens dans les Hautes-Pyrénées. Les enquêteurs dépêchés
sur place estiment que son décès remonte à trois ou quatre semaines environ.
Vraisemblablement réfractaire au STO (Service du travail obligatoire) instauré
quelques mois plus tôt, il s’est brisé une jambe en deux endroits et a sans doute
perdu la vie, seul, dans d’atroces souffrances32. Non loin de là, quelques temps
plus tard, un autre corps enseveli dans la neige, est découvert près de la frontière
franco-espagnole33.
Ainsi, que ce soit traverser la Bidassoa à la nage du côté d’Hendaye, franchir
le col du Perthus près de Perpignan ou tenter la traversée de la frontière par les
cols des Pyrénées centrales, les embûches sont légion. Toutefois, on peut préci-
ser que la double surveillance « vichysto-allemande » à partir de la fin de l’année
1942 laisse perdurer quelques interstices largement exploités par les réseaux de
passage et de renseignement. En effet, si une zone interdite ou « réservée » est dé-
limitée sur une bande frontalière de 20 à 30 kilomètres de large avec des restric-
31 Robert Belot, Aux frontières de la liberté…, op. cit., p. 53.
32 ADHP, France-Pyrénées, 02/08/1943.
33 ADHP, Le Républicain des Pyrénées, 11/11/1943.

