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Fascicolo Speciale 2021 - Intelligence militare, guerra clandestina e Operazioni Speciali
[de la Milice] un organisme de bas mouchardage et de délation qui m’a parfois
écœuré jusqu’à la nausée38 ». Sans aller aussi loin que ce préfet, des douaniers et
des gendarmes français sont régulièrement incriminés par les officiers allemands
pour leur manque de zèle à moins qu’il ne s’agisse d’une forme de complicité
bienveillante39…
Dans ce contexte mouvant de surveillance de la frontière pyrénéenne, où un
certain arbitraire règne, entre arrestations manu militari et franchissements facili-
tés par les circonstances ou des appuis divers, les réseaux de passage et de rensei-
gnement se multiplient donnant à ce linéaire stratégique une dimension très inter-
nationale. Sans être exhaustif, on peut proposer un rapide panorama d’Ouest en
Est de la chaîne pyrénéenne. Toutefois, il faut préciser d’emblée que la majorité
de ces réseaux ne parviennent à se constituer ou à devenir réellement opération-
nels qu’à partir de 1942-1943, comme finalement la Résistance dans sa globali-
té. Ainsi, à la fin de l’été 1941, le SR du général de Gaulle avait reçu 35 courriers
ayant transité par l’Espagne, représentant dans l’ensemble 910 pages. Un résultat
loin d’être négligeable donc, mais relativement modeste par rapport aux volumes
d’informations transmises par la suite40.
Nous avons déjà évoqué le réseau, très précoce du colonel Rémy, appelé
Confrérie Notre-Dame puis CND-Castille. Affilié à la France libre, il se charge
notamment d’informer Londres des déplacements de troupes, des infrastructures
défensives que les Allemands font édifier le long du littoral, le fameux « mur de
l’Atlantique », ainsi que des mouvements des navires de l’Axe et des redoutés
U-Boote stationnés par exemple dans la base sous-marine de Bordeaux-Bacalan.
S’appuyant notamment dès l’été 1940 sur un viticulteur de Dordogne, Louis de
la Bardonnie, et à partir de février 1941 sur Jean Fleuret, alias Espadon, en rela-
tion avec les pilotes du port de Bordeaux mais aussi sur le lieutenant de vaisseau
Jean Philippon (Hilarion), le colonel Rémy collecte et transmet des informations
au 2e Bureau via des opérateurs radio ou des courriers transitant par Madrid ou
Lisbonne41.
Sur le versant atlantique, même s’il s’agit prioritairement d’un réseau d’éva-
38 Cité par Maurice Bénézech, Résistance en Bigorre, Comité départemental de la Résistance
des Hautes-Pyrénées, 1984, p. 151.
39 ADHP, 20 W 27.
40 Sébastien Albertelli, Les services secrets…, op. cit., p. 70.
41 Ibid., p. 62.
[de la Milice] un organisme de bas mouchardage et de délation qui m’a parfois
écœuré jusqu’à la nausée38 ». Sans aller aussi loin que ce préfet, des douaniers et
des gendarmes français sont régulièrement incriminés par les officiers allemands
pour leur manque de zèle à moins qu’il ne s’agisse d’une forme de complicité
bienveillante39…
Dans ce contexte mouvant de surveillance de la frontière pyrénéenne, où un
certain arbitraire règne, entre arrestations manu militari et franchissements facili-
tés par les circonstances ou des appuis divers, les réseaux de passage et de rensei-
gnement se multiplient donnant à ce linéaire stratégique une dimension très inter-
nationale. Sans être exhaustif, on peut proposer un rapide panorama d’Ouest en
Est de la chaîne pyrénéenne. Toutefois, il faut préciser d’emblée que la majorité
de ces réseaux ne parviennent à se constituer ou à devenir réellement opération-
nels qu’à partir de 1942-1943, comme finalement la Résistance dans sa globali-
té. Ainsi, à la fin de l’été 1941, le SR du général de Gaulle avait reçu 35 courriers
ayant transité par l’Espagne, représentant dans l’ensemble 910 pages. Un résultat
loin d’être négligeable donc, mais relativement modeste par rapport aux volumes
d’informations transmises par la suite40.
Nous avons déjà évoqué le réseau, très précoce du colonel Rémy, appelé
Confrérie Notre-Dame puis CND-Castille. Affilié à la France libre, il se charge
notamment d’informer Londres des déplacements de troupes, des infrastructures
défensives que les Allemands font édifier le long du littoral, le fameux « mur de
l’Atlantique », ainsi que des mouvements des navires de l’Axe et des redoutés
U-Boote stationnés par exemple dans la base sous-marine de Bordeaux-Bacalan.
S’appuyant notamment dès l’été 1940 sur un viticulteur de Dordogne, Louis de
la Bardonnie, et à partir de février 1941 sur Jean Fleuret, alias Espadon, en rela-
tion avec les pilotes du port de Bordeaux mais aussi sur le lieutenant de vaisseau
Jean Philippon (Hilarion), le colonel Rémy collecte et transmet des informations
au 2e Bureau via des opérateurs radio ou des courriers transitant par Madrid ou
Lisbonne41.
Sur le versant atlantique, même s’il s’agit prioritairement d’un réseau d’éva-
38 Cité par Maurice Bénézech, Résistance en Bigorre, Comité départemental de la Résistance
des Hautes-Pyrénées, 1984, p. 151.
39 ADHP, 20 W 27.
40 Sébastien Albertelli, Les services secrets…, op. cit., p. 70.
41 Ibid., p. 62.

