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mas Ferrer • Le “front-tiers” pyrénéen 347
sion, on ne peut passer sous silence l’activité intense du réseau Comète fondé par
une jeune femme d’à peine 25 ans, originaire de Scharbeek près de Bruxelles,
Andrée de Jongh. Destinée dans un premier temps à évacuer les soldats britan-
niques n’ayant pu rembarquer à Dunkerque et qui sont cachés chez l’habitant, la
« Dédée Line » de Bruxelles à Gibraltar en passant par Paris, Bayonne et Bilbao
a permis de convoyer au total vers Londres, entre 1941 et 1944, 700 à 800 « co-
lis », majoritairement des pilotes alliés42. On estime que près de 2 000 personnes
en Belgique, en France et en Espagne, dont le fameux passeur basque Fiorentino
Goïkotxea43, ont œuvré pour que cette ligne de vie perdure malgré la traque des
agents de l’Abwehr, le service de renseignement de l’armée allemande, et les dé-
nonciations d’agents doubles comme Eugène Sterckmans ou Jacques Desoubrie
qui occasionnent de vrais coups durs44. Dédée elle-même est arrêtée en janvier
1943, déportée en Mauthausen puis à Ravensbrück. Elle se lancera dans l’huma-
nitaire après guerre, mais son père Frédéric, lui, a laissé la vie sous les balles al-
lemandes en 1944, au Mont-Valérien.
Également très actif dans le Sud de la France, de Pau à Marseille en passant
par Toulouse et Perpignan, le réseau Alliance, fondé par l’officier nationaliste
anti-communiste et germanophobe Georges Loustaunau-Lacau alias Navarre,
connaît lui aussi des périodes difficiles. Les arrestations s’enchaînent, malgré l’en-
gagement sans faille de Marie-Madeleine Méric (devenue Fourcade en 1947) qui,
sous le pseudonyme de Hérisson, prend la tête de cette organisation après la cap-
ture de Navarre en mai 194145. Rattaché dans un premier temps à l’IS puis, après
des intrigues politiques relativement complexes, au BCRA gaulliste en 1944, ce
réseau composé notamment d’anciens militaires, en particulier de l’armée de l’Air,
mais aussi de bon nombre de « vichysto-résistants46 », livre des renseignements
précieux aussi bien sur les forces navales allemandes à Brest, La Rochelle, et
dans les ports méditerranéens que sur la base allemande de Peenemünde où les
42 Adeline Rémy, « L’engagement des femmes dans la ligne d’évasion Comète (1941-1944) :
entre mythe et réalité ? », dans Robert Vandenbussche (dir.), Femmes et Résistance en Bel-
gique et en zone interdite [en ligne], Septentrion, 2007, p. 57-72.
43 Lire notamment Juan Carlos Jiménez de Aberasturi, En passant la Bidassoa. Le Réseau
« Comète » au Pays basque (1941-1944), Ville d’Anglet, 1995.
44 Étienne Verhoeyen, La Belgique occupée. De l’an 40 à la Libération, De Boeck Univer-
sité, 1994, p. 372.
45 Michèle Cointet, Marie-Madeleine Fourcade : un chef de la Résistance, Perrin, 2006.
46 Bénédicte Vergez-Chaignon, Les vichysto-résistants, Perrin, coll. « Tempus », 2016.
sion, on ne peut passer sous silence l’activité intense du réseau Comète fondé par
une jeune femme d’à peine 25 ans, originaire de Scharbeek près de Bruxelles,
Andrée de Jongh. Destinée dans un premier temps à évacuer les soldats britan-
niques n’ayant pu rembarquer à Dunkerque et qui sont cachés chez l’habitant, la
« Dédée Line » de Bruxelles à Gibraltar en passant par Paris, Bayonne et Bilbao
a permis de convoyer au total vers Londres, entre 1941 et 1944, 700 à 800 « co-
lis », majoritairement des pilotes alliés42. On estime que près de 2 000 personnes
en Belgique, en France et en Espagne, dont le fameux passeur basque Fiorentino
Goïkotxea43, ont œuvré pour que cette ligne de vie perdure malgré la traque des
agents de l’Abwehr, le service de renseignement de l’armée allemande, et les dé-
nonciations d’agents doubles comme Eugène Sterckmans ou Jacques Desoubrie
qui occasionnent de vrais coups durs44. Dédée elle-même est arrêtée en janvier
1943, déportée en Mauthausen puis à Ravensbrück. Elle se lancera dans l’huma-
nitaire après guerre, mais son père Frédéric, lui, a laissé la vie sous les balles al-
lemandes en 1944, au Mont-Valérien.
Également très actif dans le Sud de la France, de Pau à Marseille en passant
par Toulouse et Perpignan, le réseau Alliance, fondé par l’officier nationaliste
anti-communiste et germanophobe Georges Loustaunau-Lacau alias Navarre,
connaît lui aussi des périodes difficiles. Les arrestations s’enchaînent, malgré l’en-
gagement sans faille de Marie-Madeleine Méric (devenue Fourcade en 1947) qui,
sous le pseudonyme de Hérisson, prend la tête de cette organisation après la cap-
ture de Navarre en mai 194145. Rattaché dans un premier temps à l’IS puis, après
des intrigues politiques relativement complexes, au BCRA gaulliste en 1944, ce
réseau composé notamment d’anciens militaires, en particulier de l’armée de l’Air,
mais aussi de bon nombre de « vichysto-résistants46 », livre des renseignements
précieux aussi bien sur les forces navales allemandes à Brest, La Rochelle, et
dans les ports méditerranéens que sur la base allemande de Peenemünde où les
42 Adeline Rémy, « L’engagement des femmes dans la ligne d’évasion Comète (1941-1944) :
entre mythe et réalité ? », dans Robert Vandenbussche (dir.), Femmes et Résistance en Bel-
gique et en zone interdite [en ligne], Septentrion, 2007, p. 57-72.
43 Lire notamment Juan Carlos Jiménez de Aberasturi, En passant la Bidassoa. Le Réseau
« Comète » au Pays basque (1941-1944), Ville d’Anglet, 1995.
44 Étienne Verhoeyen, La Belgique occupée. De l’an 40 à la Libération, De Boeck Univer-
sité, 1994, p. 372.
45 Michèle Cointet, Marie-Madeleine Fourcade : un chef de la Résistance, Perrin, 2006.
46 Bénédicte Vergez-Chaignon, Les vichysto-résistants, Perrin, coll. « Tempus », 2016.

