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mas Ferrer • Le “front-tiers” pyrénéen 343
Dame puis CND-Castille l’un des plus importants réseaux de renseignement
gaullistes durant la guerre. Il est en effet le résultat des toutes premières initia-
tives du 2e Bureau de l’état-major du général de Gaulle, créé le 1er juillet 1940
à Londres. Cet organisme est rebaptisé SR (Service de renseignement) en avril
1941 puis BCRA (Bureau central de renseignement et d’action) à partir de 194229.
Le responsable de ce service, André Dewavrin ou Passy, qui a envoyé Renault
alias Raymond en Espagne, se plaint déjà de sa tendance à ne pas toujours se
conformer avec rigueur aux ordres donnés. Ce trait de caractère, entre autres, fit
la légende du futur colonel Rémy, figure de la Résistance française, tant du point
de vue historique que mémoriel.
On ne peut multiplier les exemples d’itinéraires individuels, mais quels que
soient les chemins empruntés, une réalité s’impose à tous durant l’été 1940. Dès
lors, à moins de tenter leur chance par le Pays basque contrôlé par la Werhmacht,
les individus venant du nord de la France et voulant franchir les Pyrénées doivent
d’abord passer la ligne de démarcation, de façon légale avec le fameux Ausweis
ou de manière clandestine grâce à des embryons de réseaux locaux. Les premiers
ateliers producteurs de faux papiers commencent alors un travail décisif à la fois
pour les militaires alliés, les résistants français ou les civils menacés.
Ainsi, des jeunes Français souhaitant continuer le combat, mais aussi une par-
tie des juifs de France qui cherchent à fuir un pays où l’antisémitisme devient une
politique d’État, tentent cette traversée périlleuse. Toutefois, quelle que soit la
catégorie envisagée, les flux s’intensifient considérablement à partir de la fin de
l’année 194230, précisément après l’opération Anton, lancée le 10 novembre, en
réponse au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. Cette date repré-
sente une nouvelle rupture concernant le dispositif de surveillance de la frontière
pyrénéenne puisqu’aux douaniers et gendarmes de Vichy viennent s’ajouter des
troupes allemandes tout le long d’un relief dont la dimension stratégique s’est à
nouveau renforcée.
29 Ibid., « Le BCRA, service de renseignement de la France libre », Revue historique des ar-
mées, n°247, 2007, p. 52-59.
30 André-Louis Sanguin, « La fuite des Juifs à travers les Pyrénées pendant la Seconde
Guerre mondiale, une géographie de la peur et de la survie », Annales du Midi : revue ar-
chéologique, historique et philologique de la France méridionale, tome 126, n°287, 2014,
pp. 297-318.
Dame puis CND-Castille l’un des plus importants réseaux de renseignement
gaullistes durant la guerre. Il est en effet le résultat des toutes premières initia-
tives du 2e Bureau de l’état-major du général de Gaulle, créé le 1er juillet 1940
à Londres. Cet organisme est rebaptisé SR (Service de renseignement) en avril
1941 puis BCRA (Bureau central de renseignement et d’action) à partir de 194229.
Le responsable de ce service, André Dewavrin ou Passy, qui a envoyé Renault
alias Raymond en Espagne, se plaint déjà de sa tendance à ne pas toujours se
conformer avec rigueur aux ordres donnés. Ce trait de caractère, entre autres, fit
la légende du futur colonel Rémy, figure de la Résistance française, tant du point
de vue historique que mémoriel.
On ne peut multiplier les exemples d’itinéraires individuels, mais quels que
soient les chemins empruntés, une réalité s’impose à tous durant l’été 1940. Dès
lors, à moins de tenter leur chance par le Pays basque contrôlé par la Werhmacht,
les individus venant du nord de la France et voulant franchir les Pyrénées doivent
d’abord passer la ligne de démarcation, de façon légale avec le fameux Ausweis
ou de manière clandestine grâce à des embryons de réseaux locaux. Les premiers
ateliers producteurs de faux papiers commencent alors un travail décisif à la fois
pour les militaires alliés, les résistants français ou les civils menacés.
Ainsi, des jeunes Français souhaitant continuer le combat, mais aussi une par-
tie des juifs de France qui cherchent à fuir un pays où l’antisémitisme devient une
politique d’État, tentent cette traversée périlleuse. Toutefois, quelle que soit la
catégorie envisagée, les flux s’intensifient considérablement à partir de la fin de
l’année 194230, précisément après l’opération Anton, lancée le 10 novembre, en
réponse au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. Cette date repré-
sente une nouvelle rupture concernant le dispositif de surveillance de la frontière
pyrénéenne puisqu’aux douaniers et gendarmes de Vichy viennent s’ajouter des
troupes allemandes tout le long d’un relief dont la dimension stratégique s’est à
nouveau renforcée.
29 Ibid., « Le BCRA, service de renseignement de la France libre », Revue historique des ar-
mées, n°247, 2007, p. 52-59.
30 André-Louis Sanguin, « La fuite des Juifs à travers les Pyrénées pendant la Seconde
Guerre mondiale, une géographie de la peur et de la survie », Annales du Midi : revue ar-
chéologique, historique et philologique de la France méridionale, tome 126, n°287, 2014,
pp. 297-318.

