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Fascicolo Speciale 2021 - Intelligence militare, guerra clandestina e Operazioni Speciali
services gaullistes jusqu’à la Libération103. Navarre qui louvoie en 1940-1941
entre Vichy, le SR gaulliste et l’IS est finalement arrêté, sur l’ordre du général
Weygand, à Alger en mai 1941, alors qu’il tente de préparer un soulèvement de
l’armée d’Afrique104. Avec le soutien d’un commissaire de Vichy affecté à la Sur-
veillance du Territoire et expert dans le double jeu, André Achiary, il parvient à
s’évader et rejoindre Pau, sa ville natale. Il subit ensuite une série d’arrestations
liées sans doute au cloisonnement difficile d’un réseau au cœur de tant d’intérêts
divergents et de multiples infiltrations, dont celle d’Arthur Bradley Davies alias
Bla, agent de l’IS en réalité au service de l’Abwehr105.
Les agents doubles, que ce soit par conviction idéologique, appât du gain ou
en raison de pressions diverses, sont, comme ailleurs, les bêtes noires des ser-
vices de renseignement ou de passage dans les Pyrénées. Les chefs de réseaux
essaient pourtant de s’en prémunir en prenant de nombreuses précautions lors
de l’établissement de contacts, au moment du recrutement de nouveaux agents,
quand ils recherchent des lieux d’hébergement, ou à l’occasion de missions me-
nées conjointement avec d’autres organisations. Toutefois, le cloisonnement si
rigoureusement recherché n’est pas si facile à réaliser lorsque l’on emprunte les
mêmes sentiers. En effet, les spécialistes du franchissement clandestin ne sont
pas innombrables non plus. Les cas de duplicité et de trahison émaillent donc
l’histoire des services spéciaux, comme par exemple Adolphe Manet dit Ado-
lphe de Toulouse. Les informations qu’il communique à l’Abwehr mènent le 28
février 1943 à l’arrestation, puis à la déportation, du chef du réseau belge Sabot,
Pierre Bouriez, jusque-là très actif de part et d’autre de la frontière pyrénéenne106.
Dans les Pyrénées, en raison notamment de quelques cas médiatisés et d’un
climat de suspicion propre aux périodes de conflit mais aussi aux sorties de guerre
où sévit l’« épuration »107, une « légende noire » s’est progressivement construite
autour des passeurs. Avant d’évoquer quelques cas avérés d’escroquerie ou de
103 Cf. Sébastien Albertelli , op. cit., p. 470-471.
104 François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), La France au
combat…, op. cit., p. 107.
105 Marie-Madeleine Fourcade, L’Arche de Noé, tome 1, Fayard, 1971, p. 254.
106 Emmanuel Debruyne, op. cit., p. 322-323.
107 Cf. Peter Novick, L’épuration française. 1944-1949, Seuil, coll. « Points Histoire », 1991 ;
Bénédicte Vergez-Chaignon, Histoire de l’épuration, Larousse, 2010 ; Marc Bergère,
L’épuration en France, PUF, 2018.
services gaullistes jusqu’à la Libération103. Navarre qui louvoie en 1940-1941
entre Vichy, le SR gaulliste et l’IS est finalement arrêté, sur l’ordre du général
Weygand, à Alger en mai 1941, alors qu’il tente de préparer un soulèvement de
l’armée d’Afrique104. Avec le soutien d’un commissaire de Vichy affecté à la Sur-
veillance du Territoire et expert dans le double jeu, André Achiary, il parvient à
s’évader et rejoindre Pau, sa ville natale. Il subit ensuite une série d’arrestations
liées sans doute au cloisonnement difficile d’un réseau au cœur de tant d’intérêts
divergents et de multiples infiltrations, dont celle d’Arthur Bradley Davies alias
Bla, agent de l’IS en réalité au service de l’Abwehr105.
Les agents doubles, que ce soit par conviction idéologique, appât du gain ou
en raison de pressions diverses, sont, comme ailleurs, les bêtes noires des ser-
vices de renseignement ou de passage dans les Pyrénées. Les chefs de réseaux
essaient pourtant de s’en prémunir en prenant de nombreuses précautions lors
de l’établissement de contacts, au moment du recrutement de nouveaux agents,
quand ils recherchent des lieux d’hébergement, ou à l’occasion de missions me-
nées conjointement avec d’autres organisations. Toutefois, le cloisonnement si
rigoureusement recherché n’est pas si facile à réaliser lorsque l’on emprunte les
mêmes sentiers. En effet, les spécialistes du franchissement clandestin ne sont
pas innombrables non plus. Les cas de duplicité et de trahison émaillent donc
l’histoire des services spéciaux, comme par exemple Adolphe Manet dit Ado-
lphe de Toulouse. Les informations qu’il communique à l’Abwehr mènent le 28
février 1943 à l’arrestation, puis à la déportation, du chef du réseau belge Sabot,
Pierre Bouriez, jusque-là très actif de part et d’autre de la frontière pyrénéenne106.
Dans les Pyrénées, en raison notamment de quelques cas médiatisés et d’un
climat de suspicion propre aux périodes de conflit mais aussi aux sorties de guerre
où sévit l’« épuration »107, une « légende noire » s’est progressivement construite
autour des passeurs. Avant d’évoquer quelques cas avérés d’escroquerie ou de
103 Cf. Sébastien Albertelli , op. cit., p. 470-471.
104 François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), La France au
combat…, op. cit., p. 107.
105 Marie-Madeleine Fourcade, L’Arche de Noé, tome 1, Fayard, 1971, p. 254.
106 Emmanuel Debruyne, op. cit., p. 322-323.
107 Cf. Peter Novick, L’épuration française. 1944-1949, Seuil, coll. « Points Histoire », 1991 ;
Bénédicte Vergez-Chaignon, Histoire de l’épuration, Larousse, 2010 ; Marc Bergère,
L’épuration en France, PUF, 2018.

