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Fascicolo Speciale 2021 - Intelligence militare, guerra clandestina e Operazioni Speciali
mais insiste surtout sur l’aspect dantesque des latrines ou de certains dortoirs sur-
peuplés. Hormis la vermine qui s’immisce partout, la qualité de l’eau et la ges-
tion des sanitaires sont tellement déplorables que Sébastien Barrère, à l’appui
de différents témoignages, évoque des scènes indescriptibles tant elles sont in-
dignes sur le plan humain89. Ainsi, une forme de dysenterie spécifique, particu-
lièrement sévère, la « mirandite » sévit chez la plupart des internés et génère un
affaiblissement mortel pour certains. Des agents des services spéciaux, plus ou
moins connus ont eu à subir ce séjour certes temporaire mais fort désagréable :
Georges Bidault ou Daniel Cordier parmi les plus célèbres, tous deux liés au
BCRA mais aussi figures éminentes du CNR90, l’ancien député socialiste et futur
président du gouvernement provisoire Félix Gouin arrêté et interné à l’été 194291
avec Max Hymans92, qui a reçu et hébergé le premier agent envoyé par la section
F du SOE93, Bob Sheppard et Vera Leigh du SOE94, ou encore Maurice Dubois,
membre des réseaux belges Luc et Zéro, qui après sa sortie du camp en novembre
1942 prend la tête de l’antenne de la Sûreté de l’État à Lisbonne jusqu’en août
194495. Pour ces agents, comme pour d’autres plus anonymes, la sortie du camp
ne pouvait être obtenue qu’au bout de quelques semaines voire plusieurs mois, au
prix de tractations diplomatiques ou humanitaires diverses et parfois complexes.
Beaucoup de Français mentent sur leur âge, simulent une maladie ou encore se
89 Sébastien Barrère, Pyrénées, l’échappée vers la liberté. Les évadés de France, Éditions
Cairn, 2005, p. 119.
90 José Angel Fernández-López, Historia del campo de concentración de Miranda de Ebro,
(1937-1947), Edición Miranda de Ebro, 2003.
91 GOUIN Félix par Antoine Olivesi, version mise en ligne sur maitron.fr le 2 février 2009,
dernière modification le 12 septembre 2017.
92 Michael R. D. Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance…, op.
cit., p. 250-251.
93 Le SOE (Special Operations Executive) est fondé à Londres en juillet 1940 à l’initiative de
Winston Churchill pour mener en Europe une guerre subversive. La consigne est claire :
« Set Europe ablaze », selon l’expression du 1er ministre anglais. Une section F est rapide-
ment constituée pour préparer des missions en France, théoriquement dans une stricte indé-
pendance vis-à-vis du BCRA. Mais faute d’agents, les Britanniques créent en 1941 une autre
section, appelée RF, avec une coopération en principe plus étroite avec les services de ren-
seignement gaullistes. Sur ce point, cf. Olivier Wieviorka, Une histoire de la résistance…,
op. cit., p. 148-150 et Sébastien Albertelli, Les services secrets…, op. cit., p. 262-272.
94 Michael R. D. Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance…, op.
cit., p. 151 et p. 411.
95 Emmanuel Debruyne, op. cit., p. XIII.
mais insiste surtout sur l’aspect dantesque des latrines ou de certains dortoirs sur-
peuplés. Hormis la vermine qui s’immisce partout, la qualité de l’eau et la ges-
tion des sanitaires sont tellement déplorables que Sébastien Barrère, à l’appui
de différents témoignages, évoque des scènes indescriptibles tant elles sont in-
dignes sur le plan humain89. Ainsi, une forme de dysenterie spécifique, particu-
lièrement sévère, la « mirandite » sévit chez la plupart des internés et génère un
affaiblissement mortel pour certains. Des agents des services spéciaux, plus ou
moins connus ont eu à subir ce séjour certes temporaire mais fort désagréable :
Georges Bidault ou Daniel Cordier parmi les plus célèbres, tous deux liés au
BCRA mais aussi figures éminentes du CNR90, l’ancien député socialiste et futur
président du gouvernement provisoire Félix Gouin arrêté et interné à l’été 194291
avec Max Hymans92, qui a reçu et hébergé le premier agent envoyé par la section
F du SOE93, Bob Sheppard et Vera Leigh du SOE94, ou encore Maurice Dubois,
membre des réseaux belges Luc et Zéro, qui après sa sortie du camp en novembre
1942 prend la tête de l’antenne de la Sûreté de l’État à Lisbonne jusqu’en août
194495. Pour ces agents, comme pour d’autres plus anonymes, la sortie du camp
ne pouvait être obtenue qu’au bout de quelques semaines voire plusieurs mois, au
prix de tractations diplomatiques ou humanitaires diverses et parfois complexes.
Beaucoup de Français mentent sur leur âge, simulent une maladie ou encore se
89 Sébastien Barrère, Pyrénées, l’échappée vers la liberté. Les évadés de France, Éditions
Cairn, 2005, p. 119.
90 José Angel Fernández-López, Historia del campo de concentración de Miranda de Ebro,
(1937-1947), Edición Miranda de Ebro, 2003.
91 GOUIN Félix par Antoine Olivesi, version mise en ligne sur maitron.fr le 2 février 2009,
dernière modification le 12 septembre 2017.
92 Michael R. D. Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance…, op.
cit., p. 250-251.
93 Le SOE (Special Operations Executive) est fondé à Londres en juillet 1940 à l’initiative de
Winston Churchill pour mener en Europe une guerre subversive. La consigne est claire :
« Set Europe ablaze », selon l’expression du 1er ministre anglais. Une section F est rapide-
ment constituée pour préparer des missions en France, théoriquement dans une stricte indé-
pendance vis-à-vis du BCRA. Mais faute d’agents, les Britanniques créent en 1941 une autre
section, appelée RF, avec une coopération en principe plus étroite avec les services de ren-
seignement gaullistes. Sur ce point, cf. Olivier Wieviorka, Une histoire de la résistance…,
op. cit., p. 148-150 et Sébastien Albertelli, Les services secrets…, op. cit., p. 262-272.
94 Michael R. D. Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance…, op.
cit., p. 151 et p. 411.
95 Emmanuel Debruyne, op. cit., p. XIII.

