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se dans toute l’Espagne, si vous laissez les ce que nous avons fait et que nous ne cessons
moins de vingt ans que je vous signale en de faire pour vous.
prison, j’ai bien peur que la liste noire
s’allonge, et que vous ne soyez responsable de Nous n'avons épargné ni démarches ardues, ni
nouvelles morts de jeunes Français. Ma difficiles suppliques pour hâter votre
conscience est tranquille, j’ai l’impression libération. Vous êtes, amère ironie, plus que
d’avoir fait mon devoir en vous signalant ces tous les autres Français d'Espagne, l'objet de
quelques faits. J’ose espérer qu’il reste encore notre constante préoccupation et de notre
un peu de justice à la Croix Rouge Française et sollicitude agissante. Nos efforts, jusqu'à
je fais appel, au nom de tous mes camarades, présent, sont demeurés sans résultat et je ne
à votre compréhension pour agir viens pas par des promesses, que les obstacles
promptement en notre faveur. Je vous prie qui surgissent à toute heure devant nous
d’excuser mes écarts de langage et ce qui, à pourraient rendre vaines, vous dire que je
première vue, peut sembler mon sans-gêne. porterai remède à une situation aussi injuste
Croyez-le, Monseigneur, c’est ce que nous qu'anormale et unique en Espagne. Situation
pensons tous, ça vient du fond du cœur. incompréhensible en effet puisque les moins
de 20 ans ont été libérés dans d'autres prisons
En espérant que vous aurez l’obligeance de d’Espagne et mis à la disposition de nos
nous fixer rapidement sur notre triste services.
situation, nous vous prions d’agréer nos
sentiments les plus respectueux. Au nom de A Totana, on nous a refusé une mesure
tous les prisonniers de moins de vingt ans analogue. A nos requêtes sollicitant pour vous
détenus à la prison centrale de Totana, Layris- l'attente de votre départ dans de meilleures
Verges. conditions morales et matérielles, il nous a été
répondu, après nous avoir fait espérer une
P.S. : le seul moyen de nous faire parvenir la solution humaine, que vous ne sortiriez de
correspondance est de l’adresser au : Docteur prison que le jour de votre départ définitif
Alberto Grey, Huerto Lou Ignacio, Totana d'Espagne, c'est à dire quand les visas de
(Murcia). sortie vous seront accordés. Or nous ne
sommes pas maîtres de la délivrance de ces
Monseigneur Boyer-Mas, contrairement à ce derniers. Vous voyez donc que pour votre
que colportent ses détracteurs, n'a pas libération, notre rôle est fort limité. Il nous
l'habitude de ne pas répondre à ce genre de reste toujours la force et l'ardeur de
suppliques, qui sont fort nombreuses, on renouveler les démarches et les négociations
l'imagine. Fermement, mais avec ce qu'il faut qui peut-être un jour aboutiront.
d'humanité, de lyrisme et de réconfort
patriotique, il écrit ceci à son jeune Nous sommes Français comme vous, nous
correspondant. souffrons avec vous, notre idéal est le vôtre.
Loin de vous considérer comme “ moins
Monsieur, intéressants ”, nous sommes sûrs de vos
Votre lettre du 16 septembre me touche et sentiments. Le patriotisme n'est le monopole
m'émeut vivement. C'est toujours avec une d'aucune profession et encore moins de
profonde douleur, mais sans aucun remords, catégories arbitrairement établies d'après
que nous pensons à nos réfugiés de Totana. l'âge. Je vous demande de croire en nous
Sans aucun remords, malgré vos accusations, puisque vous croyez en la France. Notre pays
injustes, parce que vous ne pouvez savoir tout surgira toujours plus grand grâce à ses
meilleurs fils, ceux qui de leurs souffrances ou
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moins de vingt ans que je vous signale en de faire pour vous.
prison, j’ai bien peur que la liste noire
s’allonge, et que vous ne soyez responsable de Nous n'avons épargné ni démarches ardues, ni
nouvelles morts de jeunes Français. Ma difficiles suppliques pour hâter votre
conscience est tranquille, j’ai l’impression libération. Vous êtes, amère ironie, plus que
d’avoir fait mon devoir en vous signalant ces tous les autres Français d'Espagne, l'objet de
quelques faits. J’ose espérer qu’il reste encore notre constante préoccupation et de notre
un peu de justice à la Croix Rouge Française et sollicitude agissante. Nos efforts, jusqu'à
je fais appel, au nom de tous mes camarades, présent, sont demeurés sans résultat et je ne
à votre compréhension pour agir viens pas par des promesses, que les obstacles
promptement en notre faveur. Je vous prie qui surgissent à toute heure devant nous
d’excuser mes écarts de langage et ce qui, à pourraient rendre vaines, vous dire que je
première vue, peut sembler mon sans-gêne. porterai remède à une situation aussi injuste
Croyez-le, Monseigneur, c’est ce que nous qu'anormale et unique en Espagne. Situation
pensons tous, ça vient du fond du cœur. incompréhensible en effet puisque les moins
de 20 ans ont été libérés dans d'autres prisons
En espérant que vous aurez l’obligeance de d’Espagne et mis à la disposition de nos
nous fixer rapidement sur notre triste services.
situation, nous vous prions d’agréer nos
sentiments les plus respectueux. Au nom de A Totana, on nous a refusé une mesure
tous les prisonniers de moins de vingt ans analogue. A nos requêtes sollicitant pour vous
détenus à la prison centrale de Totana, Layris- l'attente de votre départ dans de meilleures
Verges. conditions morales et matérielles, il nous a été
répondu, après nous avoir fait espérer une
P.S. : le seul moyen de nous faire parvenir la solution humaine, que vous ne sortiriez de
correspondance est de l’adresser au : Docteur prison que le jour de votre départ définitif
Alberto Grey, Huerto Lou Ignacio, Totana d'Espagne, c'est à dire quand les visas de
(Murcia). sortie vous seront accordés. Or nous ne
sommes pas maîtres de la délivrance de ces
Monseigneur Boyer-Mas, contrairement à ce derniers. Vous voyez donc que pour votre
que colportent ses détracteurs, n'a pas libération, notre rôle est fort limité. Il nous
l'habitude de ne pas répondre à ce genre de reste toujours la force et l'ardeur de
suppliques, qui sont fort nombreuses, on renouveler les démarches et les négociations
l'imagine. Fermement, mais avec ce qu'il faut qui peut-être un jour aboutiront.
d'humanité, de lyrisme et de réconfort
patriotique, il écrit ceci à son jeune Nous sommes Français comme vous, nous
correspondant. souffrons avec vous, notre idéal est le vôtre.
Loin de vous considérer comme “ moins
Monsieur, intéressants ”, nous sommes sûrs de vos
Votre lettre du 16 septembre me touche et sentiments. Le patriotisme n'est le monopole
m'émeut vivement. C'est toujours avec une d'aucune profession et encore moins de
profonde douleur, mais sans aucun remords, catégories arbitrairement établies d'après
que nous pensons à nos réfugiés de Totana. l'âge. Je vous demande de croire en nous
Sans aucun remords, malgré vos accusations, puisque vous croyez en la France. Notre pays
injustes, parce que vous ne pouvez savoir tout surgira toujours plus grand grâce à ses
meilleurs fils, ceux qui de leurs souffrances ou
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