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Fascicolo Speciale 2021 - Intelligence militare, guerra clandestina e Operazioni Speciali
Le chef d’orchestre de ce réseau en partie éponyme est le comte Wyssogo-
ta-Zakrzewski, alias Georges, évadé au début de la guerre du train de prisonniers
qui le convoyait de Pologne en Allemagne. Soutenu par de nombreux prêtres
polonais mais aussi des religieux d’autres nationalités comme l’abbé Weil, au-
mônier des Alsaciens-Lorrains réfugiés à Lourdes51, il constitue l’épicentre d’un
réseau de renseignement et d’évasion qui utilise les lignes de fuite partant de la
Bigorre vers Bielsa via Bagnères-de-Bigorre, l’Oule et Aragnouet ou par Arrens
et la Pierre Saint-Martin. Pour les « colis » moins aguerris aux terrains monta-
gneux, les itinéraires prioritairement empruntés longent les vallées béarnaises et
basques par Arnéguy, Urepel, Saint-Etienne-de-Baïgorry et Uhart-Cize, où les fu-
gitifs sont notamment pris en charge par le passeur et montagnard expérimenté
Barthélémy Dronde, facteur à Saint-Engrâce52.
Plus à l’Est de la chaîne pyrénéenne, il faut signaler une organisation se-
crète longtemps occultée, le réseau Wi-Wi piloté par l’Office of Strategic Services
(OSS) centré sur le Couserans ariégeois53. Précisons que cette nouvelle branche
des services secrets américains créée en juin 194254 a pour principal instigateur,
William J. Donovan, proche conseiller de Roosevelt, qui a effectué plusieurs mis-
sions en Espagne durant la guerre civile et après la victoire franquiste avant de
convaincre son président de fonder un réseau de renseignement à la fois plus cen-
tralisé et plus efficace. En Europe, ce nouveau service est innervé notamment par
les ambassades et consulats américains en Espagne, au Portugal et en Angleterre.
Ce réseau Wi-Wi est donc créé à l’initiative de Jean-Marie Morère, originaire de
Soueix en Ariège, mais domicilié à Marseille lorsqu’il décide, écœuré par la fas-
cisation du régime de Vichy, de démissionner de la police en mars 1943. Après
avoir tenté vainement de traverser l’Espagne pour rejoindre les forces françaises
en Afrique du Nord, il rencontre à l’ambassade américaine de Madrid l’agent
Jack Pratt qui lui demande « d’établir une ligne de renseignements et surtout une
51 José Cubero, Les Hautes-Pyrénées dans la guerre…, op. cit., p. 143.
52 Claude Laharie, « Wisigoth-Lorraine », en ligne sur bpsgm.fr, publié le 10 juin 2015.
53 Fabrizio Calvi, OSS. La guerre secrète en France, les services spéciaux américains,
la Résistance et la Gestapo 1942-1945, Hachette, 1990, p. 17.
54 Cette organisation succède au COI (Coordinator of Information) créé en juillet 1941.
Ses débuts sont assez laborieux, à la fois en raison d’une certaine inexpérience et d’une
coopération chaotique avec les services britanniques. Sur ce point cf. Olivier Wie-
viorka, Une histoire de la résistance en Europe occidentale, Perrin, 2017, p. 109-114.
Le chef d’orchestre de ce réseau en partie éponyme est le comte Wyssogo-
ta-Zakrzewski, alias Georges, évadé au début de la guerre du train de prisonniers
qui le convoyait de Pologne en Allemagne. Soutenu par de nombreux prêtres
polonais mais aussi des religieux d’autres nationalités comme l’abbé Weil, au-
mônier des Alsaciens-Lorrains réfugiés à Lourdes51, il constitue l’épicentre d’un
réseau de renseignement et d’évasion qui utilise les lignes de fuite partant de la
Bigorre vers Bielsa via Bagnères-de-Bigorre, l’Oule et Aragnouet ou par Arrens
et la Pierre Saint-Martin. Pour les « colis » moins aguerris aux terrains monta-
gneux, les itinéraires prioritairement empruntés longent les vallées béarnaises et
basques par Arnéguy, Urepel, Saint-Etienne-de-Baïgorry et Uhart-Cize, où les fu-
gitifs sont notamment pris en charge par le passeur et montagnard expérimenté
Barthélémy Dronde, facteur à Saint-Engrâce52.
Plus à l’Est de la chaîne pyrénéenne, il faut signaler une organisation se-
crète longtemps occultée, le réseau Wi-Wi piloté par l’Office of Strategic Services
(OSS) centré sur le Couserans ariégeois53. Précisons que cette nouvelle branche
des services secrets américains créée en juin 194254 a pour principal instigateur,
William J. Donovan, proche conseiller de Roosevelt, qui a effectué plusieurs mis-
sions en Espagne durant la guerre civile et après la victoire franquiste avant de
convaincre son président de fonder un réseau de renseignement à la fois plus cen-
tralisé et plus efficace. En Europe, ce nouveau service est innervé notamment par
les ambassades et consulats américains en Espagne, au Portugal et en Angleterre.
Ce réseau Wi-Wi est donc créé à l’initiative de Jean-Marie Morère, originaire de
Soueix en Ariège, mais domicilié à Marseille lorsqu’il décide, écœuré par la fas-
cisation du régime de Vichy, de démissionner de la police en mars 1943. Après
avoir tenté vainement de traverser l’Espagne pour rejoindre les forces françaises
en Afrique du Nord, il rencontre à l’ambassade américaine de Madrid l’agent
Jack Pratt qui lui demande « d’établir une ligne de renseignements et surtout une
51 José Cubero, Les Hautes-Pyrénées dans la guerre…, op. cit., p. 143.
52 Claude Laharie, « Wisigoth-Lorraine », en ligne sur bpsgm.fr, publié le 10 juin 2015.
53 Fabrizio Calvi, OSS. La guerre secrète en France, les services spéciaux américains,
la Résistance et la Gestapo 1942-1945, Hachette, 1990, p. 17.
54 Cette organisation succède au COI (Coordinator of Information) créé en juillet 1941.
Ses débuts sont assez laborieux, à la fois en raison d’une certaine inexpérience et d’une
coopération chaotique avec les services britanniques. Sur ce point cf. Olivier Wie-
viorka, Une histoire de la résistance en Europe occidentale, Perrin, 2017, p. 109-114.

