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mas Ferrer • Le “front-tiers” pyrénéen 351
filière de passage permettant la transmission vers Madrid du “matériel collecté”
ou pour faire passer en sens inverse les questionnaires de recherche des Améri-
cains55 ». Revenu à Marseille, Morère sous le pseudonyme de Pierre Vidal, struc-
ture son organisation en s’appuyant sur ses connaissances ariégeoises et des pas-
seurs fiables comme Roger Rieu côté français et Manel Vidal côté espagnol. Dès
lors, la filière Mor associée à l’OSS qui convoie messages, armes et agents reste
active jusqu’à la Libération56.
Dans les Pyrénées orientales, hormis les activités des réseaux Alliance et Pat
O’Leary déjà évoqués, on peut signaler la ligne luxembourgeoise Charlotte57 ani-
mée par Louis Knaff58 basé à Montpellier, et son collègue de la Croix-Rouge le
chirurgien Charles Marx59 qui en décembre 1940, a pris la direction de la clinique
de Quillan dans l’Aude au pied des Pyrénées60. Ils s’appuient notamment sur l’an-
cien ministre Antoine Funck et ses relations en France pour procurer des papiers
à des réfugiés luxembourgeois, puis les convoyer en Espagne à destination des
États-Unis. Travaillant de concert avec le réseau britannique Mithridate61, le doc-
teur Marx est contacté en octobre 1942 par Pierre Bouriez du réseau Sabot, rat-
taché à la Sûreté de l’État, nom des services secrets belges repliés à Londres62.
L’objectif pour Bouriez est l’évacuation vers l’Espagne d’un certain nombre de
ses compatriotes63 mais aussi le maintien du contact avec les antennes de la Sû-
55 Claude Delpla, « Le réseau Wi-Wi (OSS), un réseau de renseignements franco-améri-
cain (1943-1944) », Bulletin de la Société ariégeoise. Sciences, Lettres et Arts, 1989,
p. 9-16
56 Annie Rieu-Mias, « Le réseau Wi-Wi (OSS), une organisation militaire de rensei-
gnements franco-américains et sa filière résolument couserannaise et transfrontalière
(1943-1944) », dans Josep Calvet Bellera, Annie Rieu-Mias, Noemi Riudor Garcia,
La Bataille des Pyrénées. Réseaux d’information et d’évasion alliés transpyrénéens.
Ariège-Catalogne-Andorre, Le Pas d’oiseau, 2013, p. 42-44.
57 Concernant ce réseau, nous remercions Gérald Arboit pour les précieuses indications
et références qu’il nous a transmises.
58 Service historique de la Défense, Terre, 2000 Z 205 4027, Louis Knaff, États des services,
10 mai 1967.
59 Ibid., Arch. définitives, Défense, 40 LN 1849/3286199.
60 Archives nationales du Luxembourg, AE-AP-0241, Marx à Funck, 5 octobre 1940.
61 Ibid., Fonds Deuxième Guerre mondiale, Charles Reiffers, Reiffers à Bressac, 06/12/1957.
62 Emmanuel Debruyne, La maison de verre. Agents et réseaux de renseignements en Bel-
gique occupée. 1940-1944, Université catholique de Louvain, 2005-2006, p. 322.
63 Archives nationales, 72 AJ 80/5, Werner à Ugeux, 10 août 1943.
filière de passage permettant la transmission vers Madrid du “matériel collecté”
ou pour faire passer en sens inverse les questionnaires de recherche des Améri-
cains55 ». Revenu à Marseille, Morère sous le pseudonyme de Pierre Vidal, struc-
ture son organisation en s’appuyant sur ses connaissances ariégeoises et des pas-
seurs fiables comme Roger Rieu côté français et Manel Vidal côté espagnol. Dès
lors, la filière Mor associée à l’OSS qui convoie messages, armes et agents reste
active jusqu’à la Libération56.
Dans les Pyrénées orientales, hormis les activités des réseaux Alliance et Pat
O’Leary déjà évoqués, on peut signaler la ligne luxembourgeoise Charlotte57 ani-
mée par Louis Knaff58 basé à Montpellier, et son collègue de la Croix-Rouge le
chirurgien Charles Marx59 qui en décembre 1940, a pris la direction de la clinique
de Quillan dans l’Aude au pied des Pyrénées60. Ils s’appuient notamment sur l’an-
cien ministre Antoine Funck et ses relations en France pour procurer des papiers
à des réfugiés luxembourgeois, puis les convoyer en Espagne à destination des
États-Unis. Travaillant de concert avec le réseau britannique Mithridate61, le doc-
teur Marx est contacté en octobre 1942 par Pierre Bouriez du réseau Sabot, rat-
taché à la Sûreté de l’État, nom des services secrets belges repliés à Londres62.
L’objectif pour Bouriez est l’évacuation vers l’Espagne d’un certain nombre de
ses compatriotes63 mais aussi le maintien du contact avec les antennes de la Sû-
55 Claude Delpla, « Le réseau Wi-Wi (OSS), un réseau de renseignements franco-améri-
cain (1943-1944) », Bulletin de la Société ariégeoise. Sciences, Lettres et Arts, 1989,
p. 9-16
56 Annie Rieu-Mias, « Le réseau Wi-Wi (OSS), une organisation militaire de rensei-
gnements franco-américains et sa filière résolument couserannaise et transfrontalière
(1943-1944) », dans Josep Calvet Bellera, Annie Rieu-Mias, Noemi Riudor Garcia,
La Bataille des Pyrénées. Réseaux d’information et d’évasion alliés transpyrénéens.
Ariège-Catalogne-Andorre, Le Pas d’oiseau, 2013, p. 42-44.
57 Concernant ce réseau, nous remercions Gérald Arboit pour les précieuses indications
et références qu’il nous a transmises.
58 Service historique de la Défense, Terre, 2000 Z 205 4027, Louis Knaff, États des services,
10 mai 1967.
59 Ibid., Arch. définitives, Défense, 40 LN 1849/3286199.
60 Archives nationales du Luxembourg, AE-AP-0241, Marx à Funck, 5 octobre 1940.
61 Ibid., Fonds Deuxième Guerre mondiale, Charles Reiffers, Reiffers à Bressac, 06/12/1957.
62 Emmanuel Debruyne, La maison de verre. Agents et réseaux de renseignements en Bel-
gique occupée. 1940-1944, Université catholique de Louvain, 2005-2006, p. 322.
63 Archives nationales, 72 AJ 80/5, Werner à Ugeux, 10 août 1943.

