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mas Ferrer • Le “front-tiers” pyrénéen 353
1942 commencent effectivement à être bien connus. La dette originelle contrac-
tée auprès d’Hitler a engendré tout d’abord une « non-belligérance », par bien des
aspects complaisante vis-à-vis de l’Allemagne nazie. Puis, le sort des armes de-
venant moins favorables aux forces de l’Axe, une nouvelle forme de neutralité
s’est progressivement imposée servant secrètement et de façon croissante les in-
térêts des Alliés69.
La fameuse entrevue d’Hendaye du 23 octobre 1940 avait déjà constitué un
sérieux refroidissement des relations entre Franco et Hitler tant leurs intérêts stra-
tégiques, politiques, économiques étaient divergents, en particulier concernant la
situation de Gibraltar sous contrôle britannique. Dès la fin de l’année 1942 et en-
core davantage en 1943, le « chaqueteo », le retournement de casaque70, ne fait
plus mystère à tel point qu’Hitler envisage même l’invasion de l’Espagne à tra-
vers une opération jamais mise en œuvre nommée Gisela71.
Ambassades, consulats, antennes nationales de la Croix-Rouge, entreprises
installées en Espagne servent ainsi de centres de coordination ou de simples relais
aux activités des services secrets, de façon très limitée au début du conflit, puis
de manière beaucoup plus intensive à partir de 1942-1943. Frontalier avec l’Es-
pagne, le Portugal de Salazar a constitué encore moins que l’Espagne franquiste
un facteur de blocage aux activités des services secrets72. Le dirigeant portugais
était essentiellement préoccupé par des buts économiques et l’objectif de maxi-
miser les profits liés à son statut d’État neutre. Ainsi, tout au long de la guerre, il
1997. Pour la Suisse : cf. Christian Rossé, Guerre secrète en Suisse. 1939-1945, Nouveau
Monde Éditions, coll. « Le grand jeu », 2015.
69 Michel Catala, « Non-belligérance et neutralité de l’Espagne pendant la Deuxième
Guerre mondiale », Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, n°194, 1999, p.
101–116.
70 Il faut préciser que ce retournement diplomatique a été aussi bien aidé par l’accord
commercial trouvé au printemps 1943, entre Franco et les autorités françaises pré-
sentes à Alger, autorisant à nouveau l’importation par l’Espagne de phosphates ma-
rocains. Cf : Michel Catala, « L’exil français en Espagne pendant la Seconde Guerre
mondiale. 1940-1945 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°67, 2002, p. 81.
71 David Wingeate Pike, « Aspects nouveaux du rôle de l’Espagne dans la Seconde Guerre mon-
diale », Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 19, n°3, juil.-sept., 1972, p. 516.
72 On peut rappeler par exemple que du 12 septembre au 19 octobre 1941, Jean Moulin se
trouve à Lisbonne et y rencontre des membres du SOE (Special Operations Executive) qui
l’acheminent à Londres le 20 octobre où il rencontre Passy puis de Gaulle. Cf. Michael R. D.
Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance…, op. cit., p. 273-274.
1942 commencent effectivement à être bien connus. La dette originelle contrac-
tée auprès d’Hitler a engendré tout d’abord une « non-belligérance », par bien des
aspects complaisante vis-à-vis de l’Allemagne nazie. Puis, le sort des armes de-
venant moins favorables aux forces de l’Axe, une nouvelle forme de neutralité
s’est progressivement imposée servant secrètement et de façon croissante les in-
térêts des Alliés69.
La fameuse entrevue d’Hendaye du 23 octobre 1940 avait déjà constitué un
sérieux refroidissement des relations entre Franco et Hitler tant leurs intérêts stra-
tégiques, politiques, économiques étaient divergents, en particulier concernant la
situation de Gibraltar sous contrôle britannique. Dès la fin de l’année 1942 et en-
core davantage en 1943, le « chaqueteo », le retournement de casaque70, ne fait
plus mystère à tel point qu’Hitler envisage même l’invasion de l’Espagne à tra-
vers une opération jamais mise en œuvre nommée Gisela71.
Ambassades, consulats, antennes nationales de la Croix-Rouge, entreprises
installées en Espagne servent ainsi de centres de coordination ou de simples relais
aux activités des services secrets, de façon très limitée au début du conflit, puis
de manière beaucoup plus intensive à partir de 1942-1943. Frontalier avec l’Es-
pagne, le Portugal de Salazar a constitué encore moins que l’Espagne franquiste
un facteur de blocage aux activités des services secrets72. Le dirigeant portugais
était essentiellement préoccupé par des buts économiques et l’objectif de maxi-
miser les profits liés à son statut d’État neutre. Ainsi, tout au long de la guerre, il
1997. Pour la Suisse : cf. Christian Rossé, Guerre secrète en Suisse. 1939-1945, Nouveau
Monde Éditions, coll. « Le grand jeu », 2015.
69 Michel Catala, « Non-belligérance et neutralité de l’Espagne pendant la Deuxième
Guerre mondiale », Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, n°194, 1999, p.
101–116.
70 Il faut préciser que ce retournement diplomatique a été aussi bien aidé par l’accord
commercial trouvé au printemps 1943, entre Franco et les autorités françaises pré-
sentes à Alger, autorisant à nouveau l’importation par l’Espagne de phosphates ma-
rocains. Cf : Michel Catala, « L’exil français en Espagne pendant la Seconde Guerre
mondiale. 1940-1945 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°67, 2002, p. 81.
71 David Wingeate Pike, « Aspects nouveaux du rôle de l’Espagne dans la Seconde Guerre mon-
diale », Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 19, n°3, juil.-sept., 1972, p. 516.
72 On peut rappeler par exemple que du 12 septembre au 19 octobre 1941, Jean Moulin se
trouve à Lisbonne et y rencontre des membres du SOE (Special Operations Executive) qui
l’acheminent à Londres le 20 octobre où il rencontre Passy puis de Gaulle. Cf. Michael R. D.
Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance…, op. cit., p. 273-274.

