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Fascicolo Speciale 2021 - Intelligence militare, guerra clandestina e Operazioni Speciali
pas moins de six membres de l’organisation en déportation dont l’un d’entre eux,
Joseph Paul, n’en est jamais revenu84.
Les activités de renseignement étaient consubstantielles d’un danger perma-
nent qu’il fallait apprendre à dominer. Ainsi, avant de les envoyer sur le terrain,
des stages courts mais intensifs, et d’une rigueur toute militaire, sont imposés aux
jeunes recrues du SOE85 et du BCRA86. S’il ne fallait pas manquer de courage et
de compétences militaires, les agents de renseignement comme d’action devaient
être aussi capables de vivre dans le stress quotidien et l’isolement permanent liés à
la clandestinité. Pour ceux qui les côtoyaient sans connaître forcément le détail de
leurs activités, cela en faisait des personnages pleins de secret et de mystère comme
en témoigne le portrait de Gérard de Clarens, membre du réseau Sarrazin-Anda-
lousie lié au BCRA, par l’architecte Alex Colladant, qui l’a croisé lors d’un mo-
ment de répit à la Casa Velázquez à Madrid, en février 1944 (voir page suivante).
Par ailleurs, les agents qui franchissent régulièrement les Pyrénées doivent
être dotés de capacités de résistance physique et psychologique élevées, notam-
ment en cas de poursuite, d’arrestation, d’interrogatoire, et éventuellement d’in-
ternement ou d’incarcération. Parmi tous ceux qui ont eu à traverser les Pyrénées,
les uns pour se rendre à Gibraltar ou à Lisbonne, les autres pour remettre leurs
courriers dans les consulats ou ambassades de Madrid, Barcelone ou Saragosse,
ils sont nombreux à avoir croisé le chemin de la Guardia Civil et connu une pé-
riode plus ou moins longue d’internement dans les balnearios comme à Cesto-
na au Pays basque ou celui d’Alhama de Aragón et surtout dans le tristement
célèbre camp de Miranda de Ebro, situé entre Bilbao et Burgos. Républicains es-
pagnols, réfugiés, évadés de France, agents des services spéciaux, des milliers
de personnes sont passées par ce camp qui ne fermera qu’en 1947. Les détenus
connaissent alors les affres de la vie concentrationnaire : la promiscuité, l’hy-
giène déplorable, les épidémies et parfois les coups87...
Robert Belot qualifie le camp de « Babel de violence et d’indifférence 88»
84 Ibid., p. 69.
85 Michael R. D. Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance…, op.
cit., p. 117-124.
86 Sébastien Albertelli, Les services secrets…, op. cit., p. 176.
87 Cf. Robert Belot, Aux frontières de la liberté…, op. cit., p. 272-305.
88 Ibid., p. 289.
pas moins de six membres de l’organisation en déportation dont l’un d’entre eux,
Joseph Paul, n’en est jamais revenu84.
Les activités de renseignement étaient consubstantielles d’un danger perma-
nent qu’il fallait apprendre à dominer. Ainsi, avant de les envoyer sur le terrain,
des stages courts mais intensifs, et d’une rigueur toute militaire, sont imposés aux
jeunes recrues du SOE85 et du BCRA86. S’il ne fallait pas manquer de courage et
de compétences militaires, les agents de renseignement comme d’action devaient
être aussi capables de vivre dans le stress quotidien et l’isolement permanent liés à
la clandestinité. Pour ceux qui les côtoyaient sans connaître forcément le détail de
leurs activités, cela en faisait des personnages pleins de secret et de mystère comme
en témoigne le portrait de Gérard de Clarens, membre du réseau Sarrazin-Anda-
lousie lié au BCRA, par l’architecte Alex Colladant, qui l’a croisé lors d’un mo-
ment de répit à la Casa Velázquez à Madrid, en février 1944 (voir page suivante).
Par ailleurs, les agents qui franchissent régulièrement les Pyrénées doivent
être dotés de capacités de résistance physique et psychologique élevées, notam-
ment en cas de poursuite, d’arrestation, d’interrogatoire, et éventuellement d’in-
ternement ou d’incarcération. Parmi tous ceux qui ont eu à traverser les Pyrénées,
les uns pour se rendre à Gibraltar ou à Lisbonne, les autres pour remettre leurs
courriers dans les consulats ou ambassades de Madrid, Barcelone ou Saragosse,
ils sont nombreux à avoir croisé le chemin de la Guardia Civil et connu une pé-
riode plus ou moins longue d’internement dans les balnearios comme à Cesto-
na au Pays basque ou celui d’Alhama de Aragón et surtout dans le tristement
célèbre camp de Miranda de Ebro, situé entre Bilbao et Burgos. Républicains es-
pagnols, réfugiés, évadés de France, agents des services spéciaux, des milliers
de personnes sont passées par ce camp qui ne fermera qu’en 1947. Les détenus
connaissent alors les affres de la vie concentrationnaire : la promiscuité, l’hy-
giène déplorable, les épidémies et parfois les coups87...
Robert Belot qualifie le camp de « Babel de violence et d’indifférence 88»
84 Ibid., p. 69.
85 Michael R. D. Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance…, op.
cit., p. 117-124.
86 Sébastien Albertelli, Les services secrets…, op. cit., p. 176.
87 Cf. Robert Belot, Aux frontières de la liberté…, op. cit., p. 272-305.
88 Ibid., p. 289.

