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mas Ferrer • Le “front-tiers” pyrénéen 337
Fédérer, créé à Toulouse par un libraire italien antisfasciste Silvio Trentin13.
La défaite française de mai-juin 1940 a entraîné une intensification et une di-
versification considérables des activités secrètes de Ponzán Vidal. Sous le pseu-
donyme de François Vidal, il devient l’un des maillons essentiels du réseau
Pat O’Leary créé par le MI9 britannique pour rapatrier, via les Pyrénées puis
l’Espagne, Gibraltar ou le Portugal, militaires, espions, aviateurs alliés bloqués
en France. Dirigé jusqu’en 1943, par un médecin-capitaine belge, Albert-Ma-
rie Guérisse, alias Pat O’Leary, ce réseau qui assure aussi des missions de ren-
seignement14, prend ensuite, sous la direction de Marie-Louise Dissard basée à
Toulouse, le nom de Françoise. Il est considéré par Robert Belot comme l’« un
des plus grands réseaux d’évasion par l’Espagne15 ». Simultanément, Francisco
Ponzán devient aussi un agent du réseau belge Sabot16.
Cet itinéraire heurté, sinueux, clandestin et dangereux, rappelle, parmi
d’autres, à quel point la frontière pyrénéenne est au cœur de bouleversements ma-
jeurs, d’enjeux de souveraineté et d’ambitions de contrôle en 1939-1940. En ef-
fet, après la victoire de Franco, soutenu par Hitler et Mussolini, puis l’invasion de
la Tchécoslovaquie par les nazis en mars 1939, la crainte d’une attaque allemande
via l’Espagne est de plus en plus prégnante dans le piémont pyrénéen. Ainsi, plu-
sieurs exercices de défense passive sont organisés afin de se préparer notamment
à des raids aériens susceptibles de frapper Tarbes ou Pau17. A l’échelon national,
Édouard Daladier, président du Conseil mais aussi ministre de la Guerre et de
la Défense nationale, demande aux généraux commandant les régions militaires
frontalières « le renforcement du front pyrénéen18 ».
13 Paul Arrighi, « Silvio Trentin et le mouvement de résistance libérer et fédérer : “de la ré-
sistance vers la révolution” », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 226, n° 2,
2007, p. 121-130.
14 Michel Rousseau, « Deux réseaux britanniques dans la région du nord : le réseau “Gar-
row-Pat O’Leary” et le réseau “Farmer” », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mon-
diale et des conflits contemporains », vol. 34, n°135, 1984, p. 87-108.
15 Robert Belot, Aux frontières de la liberté. Vichy-Madrid-Alger-Londres. S’évader de
France sous l’occupation, Fayard, 1998, p. 107.
16 Cf. Antonio Tellez Solá, Le réseau d’évasion du groupe Ponzan. Anarchistes dans la
guerre secrète contre le franquisme et le nazisme (1936-1944), Le Coquelicot, 2008.
17 José Cubero, Les Hautes-Pyrénées dans la guerre…, op. cit., p. 35-36.
18 Cité par Stéphane Marques, « Le contrôle de la frontière pyrénéenne pendant la Se-
conde Guerre mondiale. Des enjeux de souveraineté et de sécurité pour la France »,
Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, vol. 39, n°1, 2014, p. 131.
Fédérer, créé à Toulouse par un libraire italien antisfasciste Silvio Trentin13.
La défaite française de mai-juin 1940 a entraîné une intensification et une di-
versification considérables des activités secrètes de Ponzán Vidal. Sous le pseu-
donyme de François Vidal, il devient l’un des maillons essentiels du réseau
Pat O’Leary créé par le MI9 britannique pour rapatrier, via les Pyrénées puis
l’Espagne, Gibraltar ou le Portugal, militaires, espions, aviateurs alliés bloqués
en France. Dirigé jusqu’en 1943, par un médecin-capitaine belge, Albert-Ma-
rie Guérisse, alias Pat O’Leary, ce réseau qui assure aussi des missions de ren-
seignement14, prend ensuite, sous la direction de Marie-Louise Dissard basée à
Toulouse, le nom de Françoise. Il est considéré par Robert Belot comme l’« un
des plus grands réseaux d’évasion par l’Espagne15 ». Simultanément, Francisco
Ponzán devient aussi un agent du réseau belge Sabot16.
Cet itinéraire heurté, sinueux, clandestin et dangereux, rappelle, parmi
d’autres, à quel point la frontière pyrénéenne est au cœur de bouleversements ma-
jeurs, d’enjeux de souveraineté et d’ambitions de contrôle en 1939-1940. En ef-
fet, après la victoire de Franco, soutenu par Hitler et Mussolini, puis l’invasion de
la Tchécoslovaquie par les nazis en mars 1939, la crainte d’une attaque allemande
via l’Espagne est de plus en plus prégnante dans le piémont pyrénéen. Ainsi, plu-
sieurs exercices de défense passive sont organisés afin de se préparer notamment
à des raids aériens susceptibles de frapper Tarbes ou Pau17. A l’échelon national,
Édouard Daladier, président du Conseil mais aussi ministre de la Guerre et de
la Défense nationale, demande aux généraux commandant les régions militaires
frontalières « le renforcement du front pyrénéen18 ».
13 Paul Arrighi, « Silvio Trentin et le mouvement de résistance libérer et fédérer : “de la ré-
sistance vers la révolution” », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 226, n° 2,
2007, p. 121-130.
14 Michel Rousseau, « Deux réseaux britanniques dans la région du nord : le réseau “Gar-
row-Pat O’Leary” et le réseau “Farmer” », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mon-
diale et des conflits contemporains », vol. 34, n°135, 1984, p. 87-108.
15 Robert Belot, Aux frontières de la liberté. Vichy-Madrid-Alger-Londres. S’évader de
France sous l’occupation, Fayard, 1998, p. 107.
16 Cf. Antonio Tellez Solá, Le réseau d’évasion du groupe Ponzan. Anarchistes dans la
guerre secrète contre le franquisme et le nazisme (1936-1944), Le Coquelicot, 2008.
17 José Cubero, Les Hautes-Pyrénées dans la guerre…, op. cit., p. 35-36.
18 Cité par Stéphane Marques, « Le contrôle de la frontière pyrénéenne pendant la Se-
conde Guerre mondiale. Des enjeux de souveraineté et de sécurité pour la France »,
Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, vol. 39, n°1, 2014, p. 131.

