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nsmissions (téléphone et radio) et n’est pas le bagne, et représente un progrès
électricien de profession, je dois être sur cette par rapport aux camps ou aux prisons. Voilà
liste. Mais pour mon frère je ne sais pas s’il qui fera plaisir à Monseigneur !
part et vous comprenez mes sentiments,
surtout lorsque l’on reste deux frères peut- Excellence
être dans la vie et je ne voudrais pas le laisser Monsieur Charles Ribeyron, au cours de son
seul en Espagne. Nous sommes partis de passage à Madrid, s’est entretenu avec vous
Toulouse, le 8 novembre, et nous sommes et vous a soumis certains cas, parmi lesquels
arrivés en Espagne le 13 novembre 1943 après je figure. Je me permets de me rappeler à
avoir souffert cinq jours dans la montagne. votre souvenir avec l’espoir que, bientôt, je
Nous avons été en prison à Pugcerda, pourrais enfin aborder sur cette terre
Figueras, Gerone, Barcelone, Reus, d’Afrique et aller combattre avec mes frères
Sarragosse, et depuis le 20 décembre au camp d’armes. Pourvu que nous n’arrivions pas trop
de Miranda. tard, nous ferions figure de Français
médiocres. Or, cette médiocrité, nous l’avons
Monsieur Bourbon délégué de la Croix-Rouge fuie avec horreur et nous sommes venus ici
Française m’a promis après lui avoir exposé avec le ferme espoir d’être de ceux qui
notre cas, de ne pas me séparer de mon jeune chasseront les Allemands de notre pays. Je
frère. J’ose espérer, Monseigneur, que vous suis actuellement à Urberuaga. Puis-je y
voudrez bien s’occuper de nous et que nous espérer un séjour très bref ? Non que nous y
serons tous les deux dans le prochain départ soyons mal, bien au contraire. Mais ce n’est
qui doit avoir lieu. Nous vous serons très pas le but de notre voyage : j’ai quitté ma ville,
reconnaissants et nous viendrons vous Beauvais, qui a été incendiée par les
remercier personnellement si nous passons Allemands, mes parents, mes 9 frères et
par Madrid. sœurs sans compter beaux-frères, belles-
sœurs, neveux et nièces pour rejoindre les
Je termine ces quelques mots, Monseigneur, forces françaises. Mon vœu sera-t-il réalisé
en vous priant de vous intéresser à nous et avant la fin d’octobre ? Telle est
recevez avec nos remerciements, l’assurance l’interrogation que je me pose. De plus,
de nos sentiments très reconnaissants. pourriez-vous me donner des nouvelles de
mon cousin Pierre Guillaumat qui était
L’interventionnisme individuel –on l’a vu ingénieur répartiteur des pétroles et charbons
splendidement avec l’Alsacienne- n’exclut pas, à Tunis ? Je m’excuse de venir vous
bien au contraire, l’évocation grandiloquente encombrer d’une lettre supplémentaire. Mais
de la noble cause à laquelle chaque futur j’espère qu’elle ira jusqu’à vous et qu’en votre
combattant entend participer. L’idéal qui rôle de prêtre et de représentant de la C.R.F.,
anime les futurs combattants que sont les je puis espérer tout.
évadés, c’est d’abord, comme tout idéal, le
refus de la “ médiocrité ”, comme l’écrit Croyez, Excellence, à mes sentiments les plus
justement l’auteur de la lettre ci-dessus. profondément respectueux.
Même si cet idéal tient en un programme très
sobrement exprimé : chasser l’Allemand. Lui, Le noble désir de quitter au plus tôt la prison
n’a pas de remords d’avoir quitté la France Espagne peut conduire certains à des paroles
occupée, car cette France incarne à ses yeux la qui ne sont pas toujours à la hauteur de l’idéal
médiocrité, l’esprit d’abandon. On notera que proclamé. Dénigrer les autres peut être une
cet évadé convient (et ils sont très peu dans ce manière de se distinguer et d’attirer l’attention
cas…) que le balnéario de Urberuaga de Ubilla
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électricien de profession, je dois être sur cette par rapport aux camps ou aux prisons. Voilà
liste. Mais pour mon frère je ne sais pas s’il qui fera plaisir à Monseigneur !
part et vous comprenez mes sentiments,
surtout lorsque l’on reste deux frères peut- Excellence
être dans la vie et je ne voudrais pas le laisser Monsieur Charles Ribeyron, au cours de son
seul en Espagne. Nous sommes partis de passage à Madrid, s’est entretenu avec vous
Toulouse, le 8 novembre, et nous sommes et vous a soumis certains cas, parmi lesquels
arrivés en Espagne le 13 novembre 1943 après je figure. Je me permets de me rappeler à
avoir souffert cinq jours dans la montagne. votre souvenir avec l’espoir que, bientôt, je
Nous avons été en prison à Pugcerda, pourrais enfin aborder sur cette terre
Figueras, Gerone, Barcelone, Reus, d’Afrique et aller combattre avec mes frères
Sarragosse, et depuis le 20 décembre au camp d’armes. Pourvu que nous n’arrivions pas trop
de Miranda. tard, nous ferions figure de Français
médiocres. Or, cette médiocrité, nous l’avons
Monsieur Bourbon délégué de la Croix-Rouge fuie avec horreur et nous sommes venus ici
Française m’a promis après lui avoir exposé avec le ferme espoir d’être de ceux qui
notre cas, de ne pas me séparer de mon jeune chasseront les Allemands de notre pays. Je
frère. J’ose espérer, Monseigneur, que vous suis actuellement à Urberuaga. Puis-je y
voudrez bien s’occuper de nous et que nous espérer un séjour très bref ? Non que nous y
serons tous les deux dans le prochain départ soyons mal, bien au contraire. Mais ce n’est
qui doit avoir lieu. Nous vous serons très pas le but de notre voyage : j’ai quitté ma ville,
reconnaissants et nous viendrons vous Beauvais, qui a été incendiée par les
remercier personnellement si nous passons Allemands, mes parents, mes 9 frères et
par Madrid. sœurs sans compter beaux-frères, belles-
sœurs, neveux et nièces pour rejoindre les
Je termine ces quelques mots, Monseigneur, forces françaises. Mon vœu sera-t-il réalisé
en vous priant de vous intéresser à nous et avant la fin d’octobre ? Telle est
recevez avec nos remerciements, l’assurance l’interrogation que je me pose. De plus,
de nos sentiments très reconnaissants. pourriez-vous me donner des nouvelles de
mon cousin Pierre Guillaumat qui était
L’interventionnisme individuel –on l’a vu ingénieur répartiteur des pétroles et charbons
splendidement avec l’Alsacienne- n’exclut pas, à Tunis ? Je m’excuse de venir vous
bien au contraire, l’évocation grandiloquente encombrer d’une lettre supplémentaire. Mais
de la noble cause à laquelle chaque futur j’espère qu’elle ira jusqu’à vous et qu’en votre
combattant entend participer. L’idéal qui rôle de prêtre et de représentant de la C.R.F.,
anime les futurs combattants que sont les je puis espérer tout.
évadés, c’est d’abord, comme tout idéal, le
refus de la “ médiocrité ”, comme l’écrit Croyez, Excellence, à mes sentiments les plus
justement l’auteur de la lettre ci-dessus. profondément respectueux.
Même si cet idéal tient en un programme très
sobrement exprimé : chasser l’Allemand. Lui, Le noble désir de quitter au plus tôt la prison
n’a pas de remords d’avoir quitté la France Espagne peut conduire certains à des paroles
occupée, car cette France incarne à ses yeux la qui ne sont pas toujours à la hauteur de l’idéal
médiocrité, l’esprit d’abandon. On notera que proclamé. Dénigrer les autres peut être une
cet évadé convient (et ils sont très peu dans ce manière de se distinguer et d’attirer l’attention
cas…) que le balnéario de Urberuaga de Ubilla
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