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tinées. Je n’ai jamais eu de contact avec les précises sur les Français qui collaborent avec
autorités allemandes d’occupation, soit en l’Occupant.
France, soit par la suite en Espagne. Je sortais
peu à Madrid. Mes seules visites étaient pour L’an 1943, le 18 mai à 10 heures du matin,
me rendre aux consulats britannique et Nous, M. René-Jean, inspecteur à la BST à
américain et être tenu au courant de ma Casablanca, officier de police judiciaire
situation. auxiliaire de M. le procureur commissaire du
gouvernement, agissant en vertu d’une note
J’ai laissé ma femme à S. où elle dirige ma 2876 /SM 302, en date du 17 mai 1943, et
fabrication de produits destinés à assisté de l’inspecteur G. Gaston de notre
l’alimentation des animaux. Mes parents sont service, mandons et entendons le dénommé
à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), et enfin ci-après, qui, sur interpellations successives
mon frère Paul, Directeur Général de la Cie de nous déclare :
transports “ La Provençale ”, à Avignon. J’ai
quitté Madrid par convoi, le 31 avril dernier, Je me nomme G. Francis, français né le 19
et suis arrivé à Casablanca le 6 mai par le décembre 1922 à Banyuls s/mer (P.O.) de Jean
“ Sidi-bel-Abbès ”. A Marrakech j’ai opté pour et de M. Françoise, célibataire, actuellement
les Forces Françaises Libres du Général de domicilié chez ma sœur Mme Lenfant, 1, Bd
Gaulle, et j’ai été envoyé sur le D.I.M. de Gambetta à Casablanca (Je suis démuni de
Casablanca où je me trouve actuellement. Au pièces d’identité). Je suis né à Banyuls-sur-
cas où, pour une raison ou une autre, je ne Mer. J’ai habité cette ville avec mes parents,
pourrais pas être dirigé sur les F.F.L., je et y ai fait mes études. A l’âge de 14 ans, je me
désirerais être mis à la disposition du Service suis placé comme garçon coiffeur, chez Mr C.
Vétérinaire, soit au Maroc, soit en Algérie, Jean. J’ai continué mon métier de coiffeur
pour me permettre de m’employer et de jusqu’au 14 novembre 1942, date à laquelle
gagner ma vie car il ne me reste plus qu’une j’ai été appelé pour faire un stage de huit mois
dizaine de mille francs. aux Chantiers de Jeunesse de l’Ardoise (Gard).
Au groupement n°6. J’y suis resté jusqu’à la fin
Je n’ai rien à ajouter. Lecture faite, persiste, de février 1943. A ce moment, j’ai appris que
signe et signons. les chantiers allaient être dissous, et que les
jeunes de ces chantiers allaient être envoyés
Francis G., un ancien des Chantiers de en Allemagne pour y travailler.
Jeunesse, lui non plus, n’a pas été interné en
Espagne. Grâce, et cela peut surprendre, au Aussi, le 1er mars 1943, je me suis fait expédier
consulat français de Barcelone, dont on sait par ma famille un télégramme m’annonçant
peu qu’il n’était pas défavorable aux que ma grand-mère était gravement malade.
dissidents (du moins jusqu’à l’arrivée de Pierre A la suite de ce télégramme, j’ai bénéficié de
Héricourt). Il déclare franchement qu’il est 15 jours de permission et j’ai rejoint ma
parti pour l’Espagne pour ne pas servir en famille à Banyuls. Après avoir passé 15 jours
Allemagne (sa classe, 1923, est effectivement chez moi, j’ai envoyé une lettre à mon chef de
requise pour le STO) mais aussi pour rejoindre groupe pour lui annoncer que je ne rejoindrais
le général de Gaulle. Le conseil de son beau- pas le chantier à l’expiration de ma permission
frère lui fait changer d’avis et il demande à mais que je comptais aller en Afrique du Nord
servir dans un régiment de l’Armée d’Afrique… pour y souscrire un engagement dans les
qui ne veut pas de lui, n’étant pas possesseur troupes du Général de Gaulle, en passant par
d’une pièce d’identité ! Au cours de son l’Espagne. Le 13 mars 1943, j’ai quitté Banyuls
interrogatoire, il livre des informations en direction de l’Espagne, à 7 heures 30 du

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