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né avec moi, date de 1900. Je sais que ce son activité. J’estime à quinze ou vingt mille
décret qui me concerne ainsi que toute ma francs, le total des sommes ainsi perçues. J’ai
famille a paru au Journal Officiel de France. Je aussi vendu les bijoux de ma femme au fur et
ne suis pas commissionnaire en à mesure des besoins. Mon fils aîné,
marchandises, mais fondé de pouvoirs, chez démobilisé en janvier 1941, est venu nous
un commissionnaire en marchandises Société rejoindre à Marseille. Je ne vois rien de
Modiano, 212 rue de Rivoli à Paris. J’étais au spécialement intéressant à vous signaler
service de la Société Modiano depuis quatorze pendant notre séjour dans cette ville, que
ans quand j’ai quitté la région parisienne à nous avons quittée, ma femme et moi, le 17
l’arrivée des Allemands, c’est à dire, vers le 12 décembre 1942 pour Toulouse.
ou le 13 mai 1940. Nous avons quitté
Vincennes à cette époque, ma femme, mon Le motif de notre départ de Marseille, est que
plus jeune fils et moi-même, et nous nous nous ne voulions pas être sous la domination
sommes réfugiés à Lagrave près d’Albi. La allemande et risquer d’aller travailler en
Société Modiano s’étant repliée à Bordeaux, Allemagne. Nos deux fils ont d’ailleurs quitté
c’est la raison principale de notre départ. Mon Marseille deux mois avant nous et se trouvent
fils aîné, mobilisé à proximité de Riom, ne maintenant, l’un au camp de Miranda, l’autre,
pouvait pas nous suivre. La Société Modiano le plus jeune, a quitté l’Espagne le 1er avril,
n’a plus repris son activité comme je sans doute pour l’Angleterre par convoi.
l’espérais. Je n’ai pas eu de raison particulière Toulouse n’a été qu’une étape dans notre
de fuir Paris, autre que celle que je viens de voyage pour l’Espagne. Nous avons quitté
vous exposer, si ce n’est que je ne tenais pas à cette ville le 25 décembre 1942. Je connaissais
vivre sous la botte allemande. depuis Marseille un guide qui avait fait passer
mes deux fils. Ce guide, un Français, m’a pris
Afin de parer à l’encombrement créé par 15 000 francs pour conduire mes deux fils, et
l’exode des réfugiés, les autorités donnaient 25 000 francs pour ma femme et moi. Nous
aux gens des possibilités de réintégrer leur l’avons retrouvé à Toulouse, d’où il nous a
domicile. C’est ainsi que je suis retourné le 7 accompagnés jusqu’à la Tour de Carol, petite
septembre à Paris avec ma femme en laissant localité française située à deux km de la
mon plus jeune fils à Toulouse. En retournant frontière espagnole. C’est là qu’il nous a
à Paris mon intention était de reprendre présentés à un guide espagnol, et tous deux
contact avec Mr I., Directeur de la Société nous ont accompagnés, l’un jusqu’à la
Modiano, ce que j’ai d’ailleurs pu faire. A bout frontière, l’autre jusqu’à Puigcerda.
de ressources, il me fallait chercher mes
appointements et indemnités diverses : j’ai de Notre convoi se composait, en plus de nos
la sorte perçu environ vingt mille francs. guides, de ma femme et de moi, de deux
autres personnes Mr et Mme M. Oscar qui
[Après] ces démarches, nous sommes restés sont encore à Barcelone. A Puigcerda, nous
encore deux mois à Paris, après quoi nous avons rencontré des douaniers espagnols, qui
avons passé la ligne de démarcation en nous ont indiqué le chemin pour atteindre La
fraude, et j’ai pu rejoindre mon Milina, première station après Puigcerda.
administrateur Mr Modiano, à Marseille, où Indépendamment de ce que j’avais payé à
nous sommes fixés 9, rue de Darse. Notre mon guide, j’avais converti à Marseille de
jeune fils nous y a rejoints. Je n’ai exercé à l’argent français en pesetas, et c’est ainsi
Marseille aucune profession. Je touche de Mr qu’en arrivant à Barcelone nous avions mille
Modiano des avances à valoir sur mon pesetas. Notre voyage de la Milina à
traitement au cas où la société reprendrait Barcelone, où nous sommes arrivés le 27
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décret qui me concerne ainsi que toute ma francs, le total des sommes ainsi perçues. J’ai
famille a paru au Journal Officiel de France. Je aussi vendu les bijoux de ma femme au fur et
ne suis pas commissionnaire en à mesure des besoins. Mon fils aîné,
marchandises, mais fondé de pouvoirs, chez démobilisé en janvier 1941, est venu nous
un commissionnaire en marchandises Société rejoindre à Marseille. Je ne vois rien de
Modiano, 212 rue de Rivoli à Paris. J’étais au spécialement intéressant à vous signaler
service de la Société Modiano depuis quatorze pendant notre séjour dans cette ville, que
ans quand j’ai quitté la région parisienne à nous avons quittée, ma femme et moi, le 17
l’arrivée des Allemands, c’est à dire, vers le 12 décembre 1942 pour Toulouse.
ou le 13 mai 1940. Nous avons quitté
Vincennes à cette époque, ma femme, mon Le motif de notre départ de Marseille, est que
plus jeune fils et moi-même, et nous nous nous ne voulions pas être sous la domination
sommes réfugiés à Lagrave près d’Albi. La allemande et risquer d’aller travailler en
Société Modiano s’étant repliée à Bordeaux, Allemagne. Nos deux fils ont d’ailleurs quitté
c’est la raison principale de notre départ. Mon Marseille deux mois avant nous et se trouvent
fils aîné, mobilisé à proximité de Riom, ne maintenant, l’un au camp de Miranda, l’autre,
pouvait pas nous suivre. La Société Modiano le plus jeune, a quitté l’Espagne le 1er avril,
n’a plus repris son activité comme je sans doute pour l’Angleterre par convoi.
l’espérais. Je n’ai pas eu de raison particulière Toulouse n’a été qu’une étape dans notre
de fuir Paris, autre que celle que je viens de voyage pour l’Espagne. Nous avons quitté
vous exposer, si ce n’est que je ne tenais pas à cette ville le 25 décembre 1942. Je connaissais
vivre sous la botte allemande. depuis Marseille un guide qui avait fait passer
mes deux fils. Ce guide, un Français, m’a pris
Afin de parer à l’encombrement créé par 15 000 francs pour conduire mes deux fils, et
l’exode des réfugiés, les autorités donnaient 25 000 francs pour ma femme et moi. Nous
aux gens des possibilités de réintégrer leur l’avons retrouvé à Toulouse, d’où il nous a
domicile. C’est ainsi que je suis retourné le 7 accompagnés jusqu’à la Tour de Carol, petite
septembre à Paris avec ma femme en laissant localité française située à deux km de la
mon plus jeune fils à Toulouse. En retournant frontière espagnole. C’est là qu’il nous a
à Paris mon intention était de reprendre présentés à un guide espagnol, et tous deux
contact avec Mr I., Directeur de la Société nous ont accompagnés, l’un jusqu’à la
Modiano, ce que j’ai d’ailleurs pu faire. A bout frontière, l’autre jusqu’à Puigcerda.
de ressources, il me fallait chercher mes
appointements et indemnités diverses : j’ai de Notre convoi se composait, en plus de nos
la sorte perçu environ vingt mille francs. guides, de ma femme et de moi, de deux
autres personnes Mr et Mme M. Oscar qui
[Après] ces démarches, nous sommes restés sont encore à Barcelone. A Puigcerda, nous
encore deux mois à Paris, après quoi nous avons rencontré des douaniers espagnols, qui
avons passé la ligne de démarcation en nous ont indiqué le chemin pour atteindre La
fraude, et j’ai pu rejoindre mon Milina, première station après Puigcerda.
administrateur Mr Modiano, à Marseille, où Indépendamment de ce que j’avais payé à
nous sommes fixés 9, rue de Darse. Notre mon guide, j’avais converti à Marseille de
jeune fils nous y a rejoints. Je n’ai exercé à l’argent français en pesetas, et c’est ainsi
Marseille aucune profession. Je touche de Mr qu’en arrivant à Barcelone nous avions mille
Modiano des avances à valoir sur mon pesetas. Notre voyage de la Milina à
traitement au cas où la société reprendrait Barcelone, où nous sommes arrivés le 27
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