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cembre 1942, s’est effectué sans L’interrogatoire de Léon Ben H., juif né à Oran,
encombre. est intéressant en ce qu’il témoigne de
l’absence de discrimination raciale de la part
Au cours de ce voyage, nous avons connu les du régime espagnol vis-à-vis des évadés. Il
Phalangistes qui se sont appliqués à nous indique aussi que l’argent peut parfois aider le
procurer le moyen de nous loger à Barcelone. destin, en tout cas à trouver des filières
Nous sommes descendus à l’hôtel Cisnéros, sérieuses qui permettront d’éviter
que nous avons quitté par la suite pour loger l’internement espagnol. Cet interrogatoire
chez une Hollandaise, professeur de français révèle enfin que les Forces Françaises Libres
de ces mêmes Phalangistes, j’ai oublié son (qui ont une représentation en AFN, et tout
nom, mais son adresse était Calle Arriban. Dès particulièrement à Casablanca, à partir du
notre arrivée à Barcelone, nous nous sommes mois de mai pour orienter les évadés qui
présentés au Consulat de France qui nous a souhaiteraient servir au sein des FFL) sont très
conseillé de nous déclarer Canadiens et non sélectives : la réforme temporaire de Ben H. lui
Français. Nous n’avons fait aucune démarche en interdit l’accès.
auprès de la police, jusqu’au jour où le
consulat français s’est rallié aux Américains. La L’an 1943, le 18 mai à 10 heures du matin,
section française rattachée à ce consulat nous Nous, M. René-Jean, inspecteur à la BST à
a présentés à la police espagnole, comme Casablanca, officier de police judiciaire
ressortissants français. Nous avons obtenu auxiliaire de M. le procureur commissaire du
une carte d’identité qui nous obligeait à rester Gouvernement, agissant en vertu d’une note
à Barcelone. Ma femme ayant été autorisée à 2881 /SM 302, en date de ce jour, et assisté de
faire partie d’un convoi à destination l’inspecteur G. Gaston de notre service,
inconnue, je devais rester à Barcelone et mandons et entendons le dénommé ci-après,
attendre le prochain. Je me suis donc infiltré qui, sur interpellations successives nous
clandestinement dans ce convoi avec la déclare :
complicité des convoyeurs français.

Nous sommes restés une semaine à Je me nomme Ben H. Léon, français né le 26
Marrakech, après quoi nous sommes venus janvier 1917 à Oran, représentant de
loger à Casablanca, chez Mr V. N., mon cousin commerce, demeurant à Oran, actuellement
germain. A Marrakech, on nous a mis devant au D.I.M. de Casablanca. J’ai quitté Oran le 31
la possibilité d’opter, soit pour le Général de octobre 1942 à destination de Marseille où je
Gaulle, soit pour le Général Giraud. Il n’a pas suis arrivé le 2 novembre. Il s’agissait d’un
été question de servir dans l’armée, cette voyage d’affaires qui m’a amené à Lyon le 8
question s’adressant à tous, sans distinction novembre, date à laquelle j’ai appris le
d’âge, ni de sexe. J’ai opté ainsi que ma femme commencement du débarquement allié en
pour le Général de Gaulle. Je suis dégagé de Afrique du Nord. J’avais à Lyon comme
toutes obligations militaires. Je demande principale relation les établissements Bouton,
donc l’autorisation de m’établir à Casablanca, 19 place Tolozan, que je représentais en
où mon cousin s’engage à m’héberger et à Algérie. Je disposais d’un capital de 5 000
m’employer. Il m’a d’ailleurs délivré à cet effet francs en argent liquide, et quarante mille
les deux certificats que je vous présente. Je francs en une lettre de crédit sur la Société
n’ai pas d’autres déclarations à vous faire. Générale à Oran. J’ai également récupéré le
montant de factures déjà payées auprès de
Lecture faite, persiste, signe, et signons avec fournisseurs lyonnais, ce qui représentait
notre assistant. environ 30 à 40 000 francs. Désirant rejoindre

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