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Mr G. De là, nous sommes repartis par le me suis présenté au Consulat Anglais, où j’ai
chemin de fer jusqu’à la gare avant les Forges été mis en rapport avec un Français Mr Bret,
d’Abel, située à quelques kilomètres de la attaché à ce consulat et à qui j’ai remis mes
frontière espagnole. Dans le train, un policier papiers et une somme de 28 650 francs pour
en civil nous a conseillés de nous adresser au les mettre en sécurité en cas d’investigations
chef de gare. Ce dernier nous a indiqué de de la police. Mes prévisions étaient fondées,
nous adresser au seul hôtel du pays où nous puisque par la suite lors d’une perquisition
sommes descendus. Nous y avons attendu effectuée par les autorités espagnoles, à
deux jours que deux guides (dont un était le l’hôtel, il m’a été saisi une somme de 4 500
fils de l’hôtelier) viennent nous prendre. Nous francs, plus 3 000 francs que j’avais remis à un
avons versé chacun 8 000 francs. Nous coreligionnaire nommé T. qui logeait dans la
sommes repartis le 17 ou 18 novembre vers 10 même chambre que moi, ainsi que Mr G.,
heures, nous avons marché toute la nuit et dépositaire de la maison Hachette à Rabat.
nos guides nous ont laissés à la frontière en Dès ma première entrevue avec Mr Bret, je lui
nous indiquant la baraque forestière ai manifesté mon désir de rejoindre les Forces
d’Huesca. Nous sommes descendus vers cette Libres Combattantes du Général de Gaulle. Mr
baraque, et avons été arrêtés par des Bret m’a fait connaître qu’il y avait des F.F.L en
douaniers espagnols, qui nous ont, d’ailleurs Afrique du Nord, et m’a demandé si je voulais
très bien reçus. Là, nous avons passé la nuit, les rejoindre.
puis nous avons été dirigés sur Huesca, où
nous avons de nouveau passé une journée et Pour tout le monde, à Madrid, j’avais conservé
une nuit, grâce à l’accueil sympathique que mon pseudonyme : Perrot, sauf pour Mr Bret
nous ont réservé le secrétaire de la Mairie et à qui j’avais exhibé ma pièce d’identité et ma
le médecin du pays. profession de vétérinaire. Par prudence j’avais
laissé chez lui toutes mes pièces d’identité.
J’ai déclaré à la police que je me nommais
Perrot Jean, et que j’étais canadien. Mon ami Demande : Il nous a été signalé qu’étant à
a déclaré qu’il se nommait Grégoire Andréis et Madrid, vous aviez reçu de la correspondance
qu’il était canadien également. Nous avons au nom de Perrot et signée Perrot. Veuillez-
été transférés le lendemain à la prison “ Del vous expliquer !
portido de Jaca ” où nous sommes restés Réponse : Ceci est exact, mais à mon avis ceci
jusqu’au 31 décembre 1942. De là je suis sorti est une pure coïncidence, car cette
muni d’un papier du gouverneur de la correspondance ne m’était pas destinée. La
Province et de la police d’Huesca, indiquant première était une carte postale de Bruxelles.
que je devais me rendre à Madrid, d’où je Dès que j’ai compris qu’elle ne m’était pas
devais faire les démarches pour quitter le destinée, je l’ai portée à Mr Bret qui l’a
territoire espagnol dans les moindres délais. conservée. Par la suite, deux autres cartes
Je pense que je dois cette libération aux postales venant de Bruxelles, sont arrivées
interventions répétés d’un Français de la dans les mêmes conditions. Je les ai refusées
région de Jaca, Mr Lamy, qui s’intéresse au en indiquant au bureau de l’hôtel de les faire
sort des réfugiés français. suivre à l’Ambassade de Belgique à Madrid. Je
crois devoir vous signaler que, lorsque j’étais
Je suis arrivé à Madrid le 1er janvier 1943 et ai à la prison de Jaca, j’ai connu deux sujets
été laissé en liberté sous certaines conditions. belges du nom de Perrot, et je suppose que
Je logeais à l’hôtel de Barcelone où je prenais ces cartes adressées à l’hôtel de Barcelone à
également mes repas, le tout à la charge de Madrid, qui aurait été leur lieu de résidence
l’ambassade anglaise. En arrivant à Madrid, je éventuelle en cas de libération, leur étaient
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chemin de fer jusqu’à la gare avant les Forges été mis en rapport avec un Français Mr Bret,
d’Abel, située à quelques kilomètres de la attaché à ce consulat et à qui j’ai remis mes
frontière espagnole. Dans le train, un policier papiers et une somme de 28 650 francs pour
en civil nous a conseillés de nous adresser au les mettre en sécurité en cas d’investigations
chef de gare. Ce dernier nous a indiqué de de la police. Mes prévisions étaient fondées,
nous adresser au seul hôtel du pays où nous puisque par la suite lors d’une perquisition
sommes descendus. Nous y avons attendu effectuée par les autorités espagnoles, à
deux jours que deux guides (dont un était le l’hôtel, il m’a été saisi une somme de 4 500
fils de l’hôtelier) viennent nous prendre. Nous francs, plus 3 000 francs que j’avais remis à un
avons versé chacun 8 000 francs. Nous coreligionnaire nommé T. qui logeait dans la
sommes repartis le 17 ou 18 novembre vers 10 même chambre que moi, ainsi que Mr G.,
heures, nous avons marché toute la nuit et dépositaire de la maison Hachette à Rabat.
nos guides nous ont laissés à la frontière en Dès ma première entrevue avec Mr Bret, je lui
nous indiquant la baraque forestière ai manifesté mon désir de rejoindre les Forces
d’Huesca. Nous sommes descendus vers cette Libres Combattantes du Général de Gaulle. Mr
baraque, et avons été arrêtés par des Bret m’a fait connaître qu’il y avait des F.F.L en
douaniers espagnols, qui nous ont, d’ailleurs Afrique du Nord, et m’a demandé si je voulais
très bien reçus. Là, nous avons passé la nuit, les rejoindre.
puis nous avons été dirigés sur Huesca, où
nous avons de nouveau passé une journée et Pour tout le monde, à Madrid, j’avais conservé
une nuit, grâce à l’accueil sympathique que mon pseudonyme : Perrot, sauf pour Mr Bret
nous ont réservé le secrétaire de la Mairie et à qui j’avais exhibé ma pièce d’identité et ma
le médecin du pays. profession de vétérinaire. Par prudence j’avais
laissé chez lui toutes mes pièces d’identité.
J’ai déclaré à la police que je me nommais
Perrot Jean, et que j’étais canadien. Mon ami Demande : Il nous a été signalé qu’étant à
a déclaré qu’il se nommait Grégoire Andréis et Madrid, vous aviez reçu de la correspondance
qu’il était canadien également. Nous avons au nom de Perrot et signée Perrot. Veuillez-
été transférés le lendemain à la prison “ Del vous expliquer !
portido de Jaca ” où nous sommes restés Réponse : Ceci est exact, mais à mon avis ceci
jusqu’au 31 décembre 1942. De là je suis sorti est une pure coïncidence, car cette
muni d’un papier du gouverneur de la correspondance ne m’était pas destinée. La
Province et de la police d’Huesca, indiquant première était une carte postale de Bruxelles.
que je devais me rendre à Madrid, d’où je Dès que j’ai compris qu’elle ne m’était pas
devais faire les démarches pour quitter le destinée, je l’ai portée à Mr Bret qui l’a
territoire espagnol dans les moindres délais. conservée. Par la suite, deux autres cartes
Je pense que je dois cette libération aux postales venant de Bruxelles, sont arrivées
interventions répétés d’un Français de la dans les mêmes conditions. Je les ai refusées
région de Jaca, Mr Lamy, qui s’intéresse au en indiquant au bureau de l’hôtel de les faire
sort des réfugiés français. suivre à l’Ambassade de Belgique à Madrid. Je
crois devoir vous signaler que, lorsque j’étais
Je suis arrivé à Madrid le 1er janvier 1943 et ai à la prison de Jaca, j’ai connu deux sujets
été laissé en liberté sous certaines conditions. belges du nom de Perrot, et je suppose que
Je logeais à l’hôtel de Barcelone où je prenais ces cartes adressées à l’hôtel de Barcelone à
également mes repas, le tout à la charge de Madrid, qui aurait été leur lieu de résidence
l’ambassade anglaise. En arrivant à Madrid, je éventuelle en cas de libération, leur étaient
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