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rentre à La M., ma valise est faite, je tous. Il y a encore une chose que j’ai quittée ce
déjeune rapidement et discute environ 1 lundi : mon esprit de jeune homme.
heure avec elle, je lui dis au revoir, je
l’embrasse ainsi que Bernard et Bernadette, je PS : j’étais encore un gosse, quand je
saute sur ma bicyclette, accompagné de reviendrai chez moi je serai probablement un
Philippe qui la ramènera direction Saint homme, et il ne me déplaît pas qu’un des
Maurice. Tout le long du trajet, je plaisante derniers souvenirs de cette période qui me
pour m’étourdir avec Philippe sur Christiane revienne aujourd’hui soit l’ombre de
et Geneviève. Enfin nous arrivons. Je serre la Geneviève et la mienne glissant devant les
main de ce vieux Phil., dommage qu’il n’ait 4 glaces du salon de La M.
ou 5 ans de plus. Quel épatant compagnon il
aurait fait si c’est une chance pour quelqu’un Mardi 3. J’arrive à Châteauroux vers 1 heure
d’être entouré par une pareille équipe. Cette du matin (passage de la ligne sans ennuis),
petite gare de St Maurice que j’ai si souvent prends le car pour Mauvières où je suis à 10
prise pour aller à Orléans quand j’étais encore heures. Accueil chaleureux de la tante qui
à Lyon, à Chérilly, en Bretagne (sur le quai des doutait de moi. On m’apprend que des
gendarmes me demandent mes papiers) m’a officiers, surtout un commandant camarade
vu partir lundi 2 août 1943 à 4 heures vers le de promotion de papa nommé D., sont venus
destin. Si je me suis tellement étendu sur ces voir mon oncle le lendemain de mon départ et
faits qui semblent hors du sujet, c’est qu’ici à proposent de me faire passer en Espagne au
Miranda il est plus agréable d’évoquer les moyen d’un entrepreneur de travaux de
bons moments que les mauvais. Châteauroux. Je passerai par Perpignan et
serai le 1er septembre !!! en Afrique. J’ai le
Je voudrais aussi souligner que ces heures choix entre l’Afrique et le maquis : je n’hésite
n’étaient pas insouciantes. Allant au-devant pas, bien que ne croyant pas tomber si tôt
d’événements imprévus, certainement durs et dans l’activité directe et trouvant désagréable
dramatiques, nous avons désiré jouir au de courir seul une pareille entreprise. Je
maximum des derniers moments de notre partirai demain pour Montmorillon.
jeunesse. Nous nous amusions mais c’était
Paul m’accueillant en me disant “ es-tu paré ”, Mardi 4. Départ à Montmorillon. Après le
André m’emmenant dans un coin pour me déjeuner, je suis au centre démobilisateur où
proposer de venir avec lui, moi-même lui je rencontre un capitaine. Nous discutons de
faisant la même proposition ou disant à Jean : mon cas, on me recommande de me servir de
“ dans 5 jours, je serais dans le maquis ”, après la fausse carte d’identité que j’ai apportée,
nous pouvions plaisanter avec les chameaux. étant donné que je n’ai pas de fausse carte de
Nous étions sur un volcan mais nous savions travail, je préfère garder la mienne... A 8
où nous en étions. J’ai quitté mes amis avec heures l’affaire est conclue, j’entre dans
peine, un idéal de jeunesse enterré un instant. l’organisation. Je dois attendre le départ
Je me suis séparé de ma famille avec tristesse. “ planqué ” à Angles. L’affaire de Fabienne
J’adore mon père bien qu’ayant de fréquentes m’empêche de rester à M., et un légitime
discussions avec lui. J’en arrivais avec souci de prudence. Je n’irai pas en Allemagne
Jacqueline et Philippe au moment où, les comme un veau consentant. Dernier pot pris
différences d’âges disparaissant, je pouvais le avec l’oncle Adolphe à mes galons. Celui-ci
mieux sentir notre affection, notre amitié et monte dans son car et j’attends un adjudant-
notre compréhension commune. Je chef qui me confie au chauffeur du car
n’emporte au fond que de bons souvenirs de d’Angles, lequel fait partie de l’organisation et
est chargé de s’aboucher avec l’hôtelier qui
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déjeune rapidement et discute environ 1 lundi : mon esprit de jeune homme.
heure avec elle, je lui dis au revoir, je
l’embrasse ainsi que Bernard et Bernadette, je PS : j’étais encore un gosse, quand je
saute sur ma bicyclette, accompagné de reviendrai chez moi je serai probablement un
Philippe qui la ramènera direction Saint homme, et il ne me déplaît pas qu’un des
Maurice. Tout le long du trajet, je plaisante derniers souvenirs de cette période qui me
pour m’étourdir avec Philippe sur Christiane revienne aujourd’hui soit l’ombre de
et Geneviève. Enfin nous arrivons. Je serre la Geneviève et la mienne glissant devant les
main de ce vieux Phil., dommage qu’il n’ait 4 glaces du salon de La M.
ou 5 ans de plus. Quel épatant compagnon il
aurait fait si c’est une chance pour quelqu’un Mardi 3. J’arrive à Châteauroux vers 1 heure
d’être entouré par une pareille équipe. Cette du matin (passage de la ligne sans ennuis),
petite gare de St Maurice que j’ai si souvent prends le car pour Mauvières où je suis à 10
prise pour aller à Orléans quand j’étais encore heures. Accueil chaleureux de la tante qui
à Lyon, à Chérilly, en Bretagne (sur le quai des doutait de moi. On m’apprend que des
gendarmes me demandent mes papiers) m’a officiers, surtout un commandant camarade
vu partir lundi 2 août 1943 à 4 heures vers le de promotion de papa nommé D., sont venus
destin. Si je me suis tellement étendu sur ces voir mon oncle le lendemain de mon départ et
faits qui semblent hors du sujet, c’est qu’ici à proposent de me faire passer en Espagne au
Miranda il est plus agréable d’évoquer les moyen d’un entrepreneur de travaux de
bons moments que les mauvais. Châteauroux. Je passerai par Perpignan et
serai le 1er septembre !!! en Afrique. J’ai le
Je voudrais aussi souligner que ces heures choix entre l’Afrique et le maquis : je n’hésite
n’étaient pas insouciantes. Allant au-devant pas, bien que ne croyant pas tomber si tôt
d’événements imprévus, certainement durs et dans l’activité directe et trouvant désagréable
dramatiques, nous avons désiré jouir au de courir seul une pareille entreprise. Je
maximum des derniers moments de notre partirai demain pour Montmorillon.
jeunesse. Nous nous amusions mais c’était
Paul m’accueillant en me disant “ es-tu paré ”, Mardi 4. Départ à Montmorillon. Après le
André m’emmenant dans un coin pour me déjeuner, je suis au centre démobilisateur où
proposer de venir avec lui, moi-même lui je rencontre un capitaine. Nous discutons de
faisant la même proposition ou disant à Jean : mon cas, on me recommande de me servir de
“ dans 5 jours, je serais dans le maquis ”, après la fausse carte d’identité que j’ai apportée,
nous pouvions plaisanter avec les chameaux. étant donné que je n’ai pas de fausse carte de
Nous étions sur un volcan mais nous savions travail, je préfère garder la mienne... A 8
où nous en étions. J’ai quitté mes amis avec heures l’affaire est conclue, j’entre dans
peine, un idéal de jeunesse enterré un instant. l’organisation. Je dois attendre le départ
Je me suis séparé de ma famille avec tristesse. “ planqué ” à Angles. L’affaire de Fabienne
J’adore mon père bien qu’ayant de fréquentes m’empêche de rester à M., et un légitime
discussions avec lui. J’en arrivais avec souci de prudence. Je n’irai pas en Allemagne
Jacqueline et Philippe au moment où, les comme un veau consentant. Dernier pot pris
différences d’âges disparaissant, je pouvais le avec l’oncle Adolphe à mes galons. Celui-ci
mieux sentir notre affection, notre amitié et monte dans son car et j’attends un adjudant-
notre compréhension commune. Je chef qui me confie au chauffeur du car
n’emporte au fond que de bons souvenirs de d’Angles, lequel fait partie de l’organisation et
est chargé de s’aboucher avec l’hôtelier qui
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