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é vendredi et, vraiment, ma barbe de 13 Jeudi 8 juillet 1943.
jours était plus longue que mes cheveux. La nuit a été calme, hormis les punaises qui
Ceux-ci commencent à pousser et chaque nous fréquentent toujours. Ce matin, le temps
matin, quand je passe ma main dans mes est mauvais et nous sommes restés en cellule.
cheveux, je m’aperçois de leur lente Nous sommes sortis cet après-midi. Le
croissance. La prison s’emplit toujours et le nombre de prisonniers est toujours croissant :
“ rab ” est maintenant supprimé. On parle 200 environ, sans compter ceux qui ne sortent
d’un départ vers le 16 juillet. Plût au ciel que pas encore. J’ai causé dans la cour avec un
nous soyons dedans car cette vie Hollandais, jeune étudiant dans mon cas. Il
d’internement commence à lasser malgré cause bien le français. Vraiment, je ne
tout. Enfin, soyons patients… rencontre que des étrangers. Ce soir, nous
avons eu deux louches de soupe. Ça se sent et
Mardi 6 juillet 1943. nous pouvons fêter avec bonne humeur notre
L’orage s’est abattu sur la région et la pluie première quinzaine de cellule ici. J’étais de
nous a forcés à passer la journée dans la corvée de vaisselle aujourd’hui. Peut-être
“ carrée ”. Nous ne sommes pas sortis puisque l’avant-dernière fois avant le départ ?
le ratat s’est distribué dans le hall. Comme
promenade, je suis allé deux fois à Vendredi 9 juillet 1943.
“ l’économato ” pour acheter une livre de Il y a trois semaines aujourd’hui que j’ai quitté
tomates et une livre de noix. J’essaie de la maison avec peine. Mes parents savent-ils
mettre un pain de côté, pour le départ. J’ai que je suis ici ? J’ai peur qu’ils ne le sachent
passé la journée à faire rimer des alexandrins pas encore et qu’il se tourmentent sur mon
et jouer aux dames. Le temps s’est écoulé sort. Ce matin, nous étions de corvée de
assez rapidement. Quand on s’ennuie, c’est pompe, mais vers midi, notre cellule a été
que le travail manque. J’entends travail qui vidée de ses occupants et ceux-ci dispersés
absorbe l’esprit et nous fait oublier que nous dans d’autres cellules. Je suis dans la cellule
sommes séquestrés. Avec de la patience, on 25, avec 7 joyeux compagnons. Deux
arrivera bien au bout… inspecteurs (prisonniers politiques ici), ont
passé en revue les pantalons pour voir s’il y
Mercredi 7 juillet 1943. avait des poux… ! Mais chez nous, il n’y en
Hier, j’ai donné une leçon d’espagnol à mes avait aucun. Mon changement m’a séparé de
camarades de cellule. Aujourd’hui, le temps Kuno avec qui je m’arrangeais pour la
reste maussade mais nous sommes sortis nourriture. Tant pis, il n’y a peut-être plus
quand même. J’ai poursuivi mon travail de qu’une semaine à rester ici.
versification. Ce matin, j’ai lavé la “ carrée ”
avec un camarade et nous avons essuyé les Samedi 10 juillet.
carreaux de la cellule. A midi, nous avons reçu Prison de Figuéras. 17 jours. Cellule 25. Le
notre ration de margarine et une boîte de lait. temps s’est remis au beau et nous sommes
De ce fait, comme j’avais des bananes, je me sortis toute la journée. Comme j’ai changé de
suis fait, ainsi que mes compagnons, des cellule et que la corvée de pompe se fait à tour
bananes à la crème. Hier, nous avons eu la de rôle, j’ai été de la partie encore
ration de tabac : deux paquets de cigarettes aujourd’hui. Le travail est assez pénible,
pour 1 pta [peseta] 35. Comme nous étions à surtout pour nous qui avons perdu l’habitude
sec, et qu’il pleuvait, cela a tout arrangé. Mais de tout effort. Cela fait du bien néanmoins car
attention, il ne faut pas tout fumer j’ai dormi cette nuit mieux que d’habitude.
aujourd’hui ! Comme tous les samedis, aujourd’hui c’est
jour de fête à cause de la paie. Ce soir après la

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